Du détaillant à bas prix au géant de l'IA cloud STACKIT : comment le groupe Schwarz compte s'attaquer à Amazon et consorts avec un pari d'un milliard de dollars.
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Publié le : 17 novembre 2025 / Mis à jour le : 17 novembre 2025 – Auteur : Konrad Wolfenstein

Du détaillant à bas prix au géant de l'IA cloud STACKIT : comment le groupe Schwarz compte défier Amazon et consorts avec un investissement d'un milliard de dollars – Image : Xpert.Digital
La maison mère de Lidl investit 11 milliards : que cache ce gigantesque centre de données dans le Spreewald ?
La réponse européenne aux clouds américains ? Ce centre d’IA vise à garantir l’indépendance numérique – et pas seulement pour Lidl et Kaufland : le groupe Schwarz devient un fournisseur de cloud pour tous avec STACKIT.
Avec un investissement qui surpasse même celui de la Gigafactory de Tesla, le groupe Schwarz, maison mère de Lidl et Kaufland, franchit une étape majeure vers l'avenir numérique. Un centre de données de onze milliards d'euros est en construction à Lübbenau, dans le Brandebourg, et figurera parmi les plus grands d'Europe. Ce projet dépasse largement le simple développement de l'infrastructure informatique d'un géant de la distribution ; il s'agit d'un recentrage stratégique visant à transformer le groupe, d'enseigne de distribution, en un hyperscaler européen capable de rivaliser avec les géants américains tels qu'Amazon Web Services, Microsoft et Google.
Sur le site d'une ancienne centrale électrique, le groupe Schwarz prévoit de construire un centre qui accueillera à terme jusqu'à 100 000 unités de traitement graphique (GPU) de pointe – une capacité conçue pour l'entraînement et l'exploitation à grande échelle de l'intelligence artificielle (IA). Si 2,5 milliards d'euros seront investis dans la construction, la part du lion, soit 8,5 milliards d'euros, sera consacrée à l'infrastructure technologique. Grâce à cet investissement, le groupe Schwarz ambitionne non seulement de gérer en toute souveraineté les vastes volumes de données de son propre empire de la distribution, mais aussi d'offrir à ses clients externes une alternative cloud européenne et sécurisée. Sous le nom de STACKIT, la division numérique Schwarz Digits se positionne comme garante de la souveraineté numérique, de la sécurité des données conforme au RGPD et de l'indépendance vis-à-vis des législations non européennes telles que le Cloud Act américain. Toutefois, cette transformation ambitieuse comporte des risques considérables : un fournisseur européen peut-il s'imposer face à une concurrence féroce ? Cet investissement colossal, qui dépasse de plus de cinq fois le chiffre d'affaires annuel de sa propre division numérique, est-il économiquement justifié ? Le pari de onze milliards d'euros dans le Spreewald devient ainsi un test décisif pour les ambitions numériques de l'Europe.
Convient à:
- Souveraineté de l'IA pour les entreprises : un atout pour l'Europe ? Comment une loi controversée se transforme en opportunité dans la compétition mondiale.
Le géant de la distribution prévoit une émancipation numérique – ou cela fera-t-il exploser son bilan ?
Le groupe Schwarz investit onze milliards d'euros dans un centre de données à Lübbenau, dans le Brandebourg. Ce montant dépasse largement les six milliards d'euros alloués à la Gigafactory de Tesla à Grünheide et représente le plus important investissement jamais réalisé par le groupe de distribution. Ce qui apparaît au premier abord comme un projet d'infrastructure informatique colossal se révèle, à y regarder de plus près, comme un recentrage stratégique d'une importance capitale. La maison mère de Lidl et Kaufland ambitionne ni plus ni moins de se transformer, d'un simple distributeur alimentaire, en un fournisseur européen de services cloud, s'emparant ainsi d'un marché jusqu'ici dominé par les géants technologiques américains.
L'envergure du projet est impressionnante. Un centre de données d'une puissance initiale de 200 mégawatts sera construit sur une superficie de 13 hectares d'ici fin 2027. Ses six modules indépendants pourront accueillir jusqu'à 100 000 unités de traitement graphique (GPU) de dernière génération. À titre de comparaison, le centre de données que Deutsche Telekom construit actuellement à Munich en partenariat avec Nvidia est équipé de 10 000 GPU. Le groupe Schwarz prévoit ainsi un centre de données dix fois plus grand que les projets comparables actuellement en cours en Allemagne.
L'investissement se répartit en deux grands axes. Deux milliards et demi d'euros sont consacrés à la construction physique du centre de données, tandis que la majeure partie des huit milliards et demi d'euros est investie dans l'infrastructure informatique. Cette répartition met en lumière le cœur même du projet : il s'agit moins de béton et d'acier que de technologies informatiques de pointe, indispensables à l'entraînement et à l'exploitation de l'intelligence artificielle. Le groupe Schwarz se positionne ainsi non pas comme un opérateur de centre de données classique, mais comme un fournisseur de capacités d'entraînement d'IA à très grande échelle.
Réalignement stratégique au-delà du cœur de métier
La motivation stratégique de cet investissement n'apparaît clairement qu'à la lumière des performances globales du Groupe Schwarz. Au cours de l'exercice 2024, le Groupe a réalisé un chiffre d'affaires total de 175,4 milliards d'euros et employait 595 000 personnes dans le monde. Ses deux filiales de distribution, Lidl et Kaufland, exploitent environ 14 200 magasins dans 32 pays. La division numérique, Schwarz Digits, qui inclut la plateforme cloud STACKIT, a maintenu un chiffre d'affaires stable de 1,9 milliard d'euros. Ce chiffre met en évidence un écart important : alors que l'activité de distribution génère près de 170 milliards d'euros de chiffre d'affaires, la division numérique n'y contribue que de manière marginale.
L'investissement de 11 milliards d'euros correspond ainsi à plus de cinq fois le chiffre d'affaires annuel de l'ensemble de la division numérique. Un tel ratio est exceptionnel, même dans le secteur technologique, pourtant fortement capitalistique, et ne saurait se justifier par des espoirs de rentabilité à court terme. Le groupe Schwarz poursuit manifestement une stratégie d'intégration verticale à long terme qui dépasse largement le cadre du commerce de détail traditionnel. Cette stratégie s'inspire d'Amazon, qui a commencé à proposer son infrastructure informatique en tant que service au milieu des années 2000. Aujourd'hui, Amazon Web Services est le leader mondial de l'infrastructure cloud avec une part de marché mondiale de 30 %, devançant Microsoft Azure (20 %) et Google Cloud (13 %).
L'intégration verticale offre au groupe de distribution plusieurs avantages stratégiques. Premièrement, elle lui permet de maîtriser pleinement ses données et ses systèmes. Dans un secteur où des millions de transactions sont traitées quotidiennement en caisse et où d'immenses quantités de données sont générées par les chaînes d'approvisionnement, les processus de commande et les programmes de fidélité, cette souveraineté des données revêt une valeur stratégique considérable. Le groupe Schwarz ne se contente pas de gérer les flux de marchandises et de paiements ; il dispose également d'informations détaillées sur le comportement, les préférences et les habitudes d'achat de ses clients. Ces données constituent une matière première précieuse pour le développement d'applications d'IA propriétaires et de modèles commerciaux axés sur les données.
De plus, une infrastructure cloud interne réduit considérablement la dépendance vis-à-vis des fournisseurs externes. Les trois principaux géants américains du cloud contrôlent environ 72 % du marché européen. Les entreprises européennes qui s'appuient sur ces fournisseurs pour leur infrastructure numérique deviennent inévitablement dépendantes, tant sur le plan technologique qu'économique. Les prix sont dictés par ces géants, et la migration vers des fournisseurs alternatifs est complexe et coûteuse. Le Groupe Schwarz s'affranchit de cette dépendance en développant sa propre capacité, garantissant ainsi une flexibilité stratégique à long terme.
La souveraineté numérique comme modèle d'entreprise
Le groupe Schwarz ne destine pas son centre de données à un usage exclusivement interne. Christian Müller et Rolf Schumann, membres du directoire de la division numérique Schwarz Digits, ont souligné lors de la cérémonie de pose de la première pierre que le centre de données répond en priorité aux besoins de l'entreprise, mais que sa capacité sera également mise à la disposition de clients externes. Cette formulation suggère un modèle économique hybride où l'usage interne est prioritaire, mais où la commercialisation de services cloud externes est envisagée comme source de revenus complémentaire.
Pour ses activités externes, Schwarz Digits se positionne comme un fournisseur de souveraineté numérique grâce à sa plateforme cloud STACKIT. Ce concept s'adresse aux entreprises et aux institutions publiques qui souhaitent que leurs données soient traitées exclusivement en Europe et qui exigent le plus haut niveau de protection des données et de contrôle juridique. STACKIT exploite actuellement quatre centres de données en Allemagne et en Autriche ; un cinquième, à Lübbenau, augmenterait considérablement sa capacité. Le groupe Schwarz souligne que les données sont stockées exclusivement en Allemagne et en Autriche, que l'infrastructure est entièrement conforme au RGPD et qu'aucune loi extraterritoriale, telle que le Cloud Act américain, ne s'applique.
Ce positionnement répond à une demande croissante. Les secteurs fortement réglementés, notamment les services financiers, la santé, l'administration publique et les infrastructures critiques, recherchent des solutions cloud garantissant une souveraineté totale des données. La part de marché des solutions de cloud souverain sur le marché global des infrastructures de cloud public en Allemagne devrait atteindre environ 10 % d'ici 2030. Avec un volume de marché attendu de plus de 20 milliards d'euros, cela représente un segment d'environ 2 milliards d'euros qui semble accessible aux fournisseurs européens.
Le groupe Schwarz n'est pas le seul acteur à s'intéresser à la souveraineté numérique. SAP, Deutsche Telekom, Ionos et Siemens négocient des offres conjointes pour des centres de données dédiés à l'IA et financés par l'UE. Le gouvernement allemand a fait de la souveraineté numérique une priorité politique et l'Office fédéral de la sécurité de l'information (BSI) a annoncé en mars 2025 une collaboration avec Schwarz Digits pour développer des solutions de cloud souverain destinées à l'administration publique. Le ministre fédéral du Numérique, Karsten Wildberger, a salué ce projet à Lübbenau, affirmant que l'Allemagne a besoin de puissance de calcul pour être à la pointe de l'intelligence artificielle et que seuls des centres de données haute performance peuvent renforcer sa compétitivité.
Ce soutien politique revêt une importance considérable pour le projet. Contrairement à des projets d'envergure qui ont échoué, comme l'usine Intel de Magdebourg, finalement annulée en juillet 2025 après de longues négociations portant sur des subventions totalisant 9,9 milliards d'euros, le centre de données de Lübbenau ne bénéficiera d'aucun financement public. Le groupe Schwarz finance le projet intégralement sur ses fonds propres. Néanmoins, ce soutien politique favorable est un atout précieux, notamment pour les procédures d'autorisation et les questions réglementaires. La présence du ministre du Numérique à la cérémonie de pose de la première pierre souligne l'importance stratégique de ce projet pour l'infrastructure numérique allemande.
Choix du lieu : entre pragmatisme et symbolisme
Le choix de Lübbenau, dans la région de Spreewald, s'est fondé sur des considérations pragmatiques. Le site se trouve sur l'emplacement de l'ancienne centrale thermique au lignite de Lübbenau, mise hors service durant l'été 1996. Cependant, l'infrastructure d'alimentation électrique construite pour la centrale est toujours en place et pleinement fonctionnelle. Les lignes à haute tension et les sous-stations, initialement conçues pour une centrale d'une puissance de plusieurs centaines de mégawatts, permettent de fournir la capacité de raccordement de 200 mégawatts requise pour le centre de données, sans nécessiter de coûteux développements d'infrastructures. Sur de nombreux autres sites potentiels, l'extension d'une telle capacité de réseau exigerait des investissements considérables en temps et en argent.
De plus, le site offre d'excellentes conditions d'intégration aux cycles énergétiques locaux. La chaleur résiduelle générée par le fonctionnement du centre de données peut être injectée dans le réseau de chauffage urbain du fournisseur d'énergie régional, fournissant ainsi du chauffage à près de 75 000 foyers, selon le groupe Schwarz. Cette valorisation de la chaleur résiduelle améliore significativement l'efficacité énergétique globale du projet et contribue à sa légitimité environnementale. L'entreprise souligne que le centre de données est conçu pour fonctionner exclusivement à l'électricité issue de sources d'énergie renouvelables en fonctionnement normal. Cependant, il reste à déterminer si cette alimentation sera assurée intégralement par de nouvelles installations dédiées ou si elle sera puisée dans le réseau électrique général grâce à des certificats d'énergie renouvelable.
La situation géographique offre d'autres atouts. Lübbenau se situe en Lusace, une région en pleine mutation et connaissant d'importantes turbulences économiques dues à l'abandon progressif des centrales au lignite. L'implantation d'un projet d'une telle envergure est bien accueillie dans la région, même si les créations d'emplois directs resteront limitées. Rolf Schumann a expliqué à la presse que le personnel sur site serait principalement composé d'agents de sécurité et d'entretien des espaces verts. Les processus opérationnels d'un centre de données moderne sont hautement automatisés et ne nécessitent qu'un nombre restreint de spécialistes hautement qualifiés. Les retombées économiques régionales proviendront moins des créations d'emplois directs que des investissements dans la construction, des recettes fiscales et des retombées positives potentielles sur le territoire environnant.
Parallèlement, la situation centrale de l'Allemagne offre des avantages en termes de latence. La proximité du point d'échange Internet de Francfort (FROID), l'un des plus importants hubs de trafic de données au monde, permet des transferts de données rapides. Pour les services cloud, et notamment pour les applications d'IA nécessitant le transfert de volumes importants de données, la connectivité réseau est essentielle. De plus, la distance de plus de 400 kilomètres qui sépare le centre de données du siège social du groupe Schwarz à Neckarsulm garantit une redondance géographique. En cas de pannes régionales ou de sinistres, la disponibilité des systèmes informatiques critiques reste assurée grâce à la séparation géographique des centres de données.
Les défis énergétiques et économiques de l'ère de l'IA
L'empreinte énergétique du projet mérite une attention particulière. Un centre de données d'une puissance connectée de 200 mégawatts consomme autant d'électricité à pleine capacité qu'une ville de taille moyenne. Avec une consommation électrique moyenne d'environ 3 500 kilowattheures par an et par foyer, une pleine charge continue de 200 mégawatts représente une consommation annuelle d'environ 1,75 térawattheure, soit l'équivalent des besoins en électricité d'environ un demi-million de foyers. Cette ampleur est remarquable, d'autant plus que le centre de données est conçu pour être extensible de manière modulaire en deux phases de construction, et que la puissance connectée pourrait potentiellement être augmentée ultérieurement.
La forte demande énergétique résulte de son utilisation spécifique pour l'entraînement et l'inférence en intelligence artificielle. Les processeurs graphiques modernes hautes performances, comme le Nvidia H100, ont une enveloppe thermique (TDP) de 700 watts. Un centre de données équipé de cent mille de ces processeurs nécessite soixante-dix mégawatts de puissance électrique pour les seules opérations de calcul. À cela s'ajoute la consommation énergétique liée au refroidissement, à l'infrastructure réseau et aux systèmes d'exploitation, ce qui peut facilement doubler la consommation totale. Le groupe Schwarz prévoit une charge connectée de deux cents mégawatts, ce qui semble réaliste compte tenu de la capacité envisagée.
La structure des coûts est largement déterminée par le prix de l'électricité. L'Allemagne affiche les coûts d'électricité les plus élevés d'Europe pour les centres de données. En 2019, les coûts annexes d'électricité pour les opérateurs de centres de données en Allemagne s'élevaient à 113,11 € par mégawattheure, contre seulement 17,08 € par mégawattheure aux Pays-Bas. Les taxes, prélèvements et redevances de réseau représentent environ 70 % du prix de l'électricité en Allemagne, la surtaxe EEG étant le principal facteur d'augmentation des prix. Contrairement à d'autres secteurs énergivores, les centres de données ne sont pas exemptés de la surtaxe EEG.
Avec une consommation annuelle de 1,75 térawattheure et un prix de l'électricité industriel conservateur de 15 centimes par kilowattheure, les coûts annuels d'électricité s'élèvent à environ 262 millions d'euros. Sur une durée de vie estimée à dix ans, les coûts énergétiques à eux seuls atteignent 2,6 milliards d'euros. Ce chiffre illustre que les coûts d'exploitation d'un centre de données peuvent largement dépasser les coûts d'investissement sur la durée de vie de ce dernier. Le groupe Schwarz doit donc garantir des prix de l'électricité compétitifs sur le long terme pour assurer sa rentabilité. L'approvisionnement en électricité verte issue de sources renouvelables pourrait s'avérer avantageux économiquement si des contrats d'approvisionnement à long terme sont conclus avec les producteurs.
La tendance mondiale à l'utilisation accrue de l'intelligence artificielle fait exploser la demande énergétique des centres de données à travers le monde. Aux États-Unis, la consommation d'électricité de ces centres est passée de 176 térawattheures en 2023 à une valeur estimée entre 325 et 580 térawattheures d'ici 2028, soit 7 à 12 % de la consommation totale d'électricité du pays. Les applications d'IA représentent environ 20 % de cette consommation, et ce chiffre est en constante augmentation. Une simple requête à un modèle d'IA comme ChatGPT consomme environ dix fois plus d'énergie qu'une recherche Google classique. L'entraînement de grands modèles de langage nécessite le fonctionnement continu de dizaines de milliers de processeurs graphiques (GPU) pendant des semaines, ce qui engendre des pics de consommation énergétique considérables.
Ce développement pose non seulement des défis en matière d'approvisionnement énergétique, mais soulève également des questions quant à son empreinte carbone. Bien que le groupe Schwarz mette l'accent sur son utilisation d'énergies renouvelables, l'ampleur de sa demande énergétique est en contradiction avec ses objectifs climatiques. Dans le cadre de l'initiative Science Based Targets, le groupe Schwarz s'est engagé à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 au plus tard. Pour ce faire, les émissions opérationnelles de scopes 1 et 2 doivent être réduites de 48 % d'ici 2030. Un centre de données dont la consommation énergétique équivaut à celle d'un demi-million de foyers compromet fortement la réalisation de ces objectifs, même si l'électricité est officiellement issue de sources renouvelables.
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Souveraineté numérique : le groupe Schwarz mise sur la puissance du cloud allemand
Dynamiques de marché entre la domination des hyperscalers et les alternatives européennes
Le défi stratégique du groupe Schwarz est de se maintenir face aux géants du cloud. Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud contrôlent 63 % du marché mondial des infrastructures cloud, et en Europe, leur part de marché atteint même 72 %. Cette domination repose sur des décennies de leadership en matière de développement technologique, d'infrastructures mondiales et de pénétration du marché. Ces trois entreprises investissent chaque année des dizaines de milliards d'euros dans l'expansion de leurs datacenters et le développement de nouveaux services. Elles disposent de vastes écosystèmes de développeurs, de portefeuilles de services complets et d'une présence mondiale que les fournisseurs européens ne peuvent égaler à court terme.
Le groupe Schwarz doit donc se concentrer sur des segments de marché spécifiques où il dispose d'un avantage concurrentiel. Le concept de souveraineté numérique cible les clients prêts à payer un prix plus élevé pour la protection des données et le contrôle juridique. Pour les secteurs fortement réglementés, les infrastructures critiques et les administrations publiques, la garantie que les données sont traitées exclusivement en Europe et soumises au droit européen peut s'avérer déterminante. Le groupe Schwarz souligne qu'avec les hyperscalers américains, il existe un risque que les autorités américaines puissent accéder aux données en vertu du Cloud Act, même si celles-ci sont physiquement stockées en Europe.
La situation est toutefois plus complexe que ne le laissent entendre les messages marketing. L'initiative européenne Gaia-X, qui visait à construire une infrastructure de données européenne en réseau dès 2020, a largement échoué. Des conflits internes, des objectifs flous et l'intégration de géants américains du cloud ont empêché Gaia-X d'induire des changements significatifs sur le marché. La part de marché européenne dans le secteur du cloud a continué de diminuer. L'ambition politique de créer des alternatives européennes ne s'est jusqu'à présent pas traduite en modèles économiques viables.
Le groupe Schwarz se distingue de Gaia-X par son approche pragmatique. Au lieu de dépendre de consortiums et de financements publics, l'entreprise investit ses propres ressources et tire parti des économies d'échelle de son activité de distribution. L'infrastructure informatique nécessaire à Lidl et Kaufland pour leurs 14 200 magasins offre un taux d'utilisation de base élevé. Avec 4 000 collaborateurs, Schwarz IT gère l'infrastructure numérique et l'ensemble des solutions logicielles pour 595 000 utilisateurs au sein du groupe. Cette expertise interne et cette envergure constituent un socle solide pour le développement d'activités cloud externes. Le groupe exploite plus de 23 000 serveurs, 30 pétaoctets de données et l'un des plus importants systèmes SAP de gestion de la distribution au monde.
La coopération avec SAP souligne le potentiel du marché. En octobre 2024, Schwarz Digits et SAP ont annoncé le lancement de RISE with SAP sur le cloud STACKIT. Ce partenariat permet aux clients SAP de migrer leurs systèmes ERP vers le cloud souverain du groupe Schwarz, au lieu de dépendre des clouds américains. Pour les utilisateurs SAP des pays germanophones soucieux de préserver la souveraineté de leurs données, STACKIT offre ainsi une alternative intéressante. Le groupe Schwarz migre lui-même les systèmes SAP de Lidl et Kaufland vers son propre cloud, ce qui renforce la crédibilité de l'offre.
D'autres partenariats témoignent des efforts déployés pour construire un écosystème. En octobre 2024, Schwarz Digits et la Deutsche Bahn ont fondé la plateforme DataHub Europe, qui agrège des données issues de l'industrie et des médias afin d'entraîner des modèles d'IA conformes aux exigences légales. Aleph Alpha, une entreprise allemande spécialisée en IA dans laquelle le groupe Schwarz a investi, propose ses modèles d'IA en mode SaaS (Software-as-a-Service) via le cloud STACKIT. Le premier système en production, AuditGPT, une solution d'IA pour l'automatisation des processus d'audit, est déjà utilisé chez la Deutsche Bahn et au sein du groupe Schwarz. Ces collaborations créent des cas d'usage et démontrent la pertinence concrète des solutions de cloud souverain.
Convient à:
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Analyse comparative des investissements internationaux dans les centres de données
L'investissement de 11 milliards d'euros du groupe Schwarz s'inscrit dans un contexte de forte croissance mondiale des investissements dans les centres de données. En novembre 2025, Google a annoncé son intention d'investir 5,5 milliards d'euros en Allemagne au cours des quatre prochaines années, notamment dans la construction d'un nouveau centre de données à Dietzenbach et l'agrandissement de son centre existant à Hanau. Deutsche Telekom et Nvidia investissent conjointement environ 1 milliard d'euros dans un centre de données à Munich. Aux États-Unis, Meta (Facebook) prévoit la construction d'un centre de données unique d'une capacité de cinq gigawatts, tandis qu'OpenAI, en collaboration avec divers partenaires, ambitionne de construire des centres de données d'une capacité totale supérieure à vingt gigawatts.
Ces chiffres montrent que si l'investissement du groupe Schwarz est exceptionnel à l'échelle européenne, il n'est en aucun cas excessif au niveau mondial. L'essor mondial de l'IA entraîne une expansion massive des capacités des centres de données. En Allemagne, les investissements dans ce secteur devraient atteindre douze milliards d'euros en 2025. La capacité installée devrait passer de 2 980 mégawatts actuellement à plus de 5 000 mégawatts d'ici 2030. Les centres de données dédiés à l'IA, qui représentent actuellement quinze pour cent de la capacité totale, devraient voir leur part atteindre quarante pour cent d'ici 2030.
L'Allemagne est le premier pays d'Europe en matière de centres de données, avec une capacité totale d'environ 2,4 gigawatts. Cependant, à l'échelle internationale, elle reste nettement en retrait par rapport aux États-Unis (environ 40 gigawatts) et à la Chine. Sa position centrale en Europe, sa proximité avec le point d'échange Internet de Francfort et la stabilité de ses réseaux, caractérisés par un faible taux de panne, constituent des atouts majeurs. Parmi ses inconvénients figurent le coût élevé de l'électricité, la longueur des procédures d'autorisation et des exigences réglementaires susceptibles de nuire à sa compétitivité.
Le groupe Schwarz bénéficie de l'infrastructure existante de l'ancienne centrale électrique de Lübbenau, ce qui simplifie les procédures d'autorisation et le raccordement au réseau. Néanmoins, le coût élevé de l'électricité demeure un désavantage structurel pour le site. Sur le plan concurrentiel européen, l'Allemagne doit faire face à des pays comme les Pays-Bas, l'Irlande et les pays scandinaves, qui proposent des prix de l'énergie nettement inférieurs. Le fait que le groupe Schwarz continue d'investir en Allemagne souligne l'importance stratégique de la proximité avec son cœur de métier et sa clientèle.
Évaluation des risques entre vision technologique et réalité économique
Cet investissement de 11 milliards d'euros représente un risque économique considérable pour le groupe Schwarz. Ce montant correspond à plus de 6 % de son chiffre d'affaires annuel total et à près de six fois celui de sa division numérique. Même pour une entreprise de cette envergure, un tel investissement pèse lourdement sur son bilan. Le groupe Schwarz a augmenté ses investissements totaux de 7,5 % pour atteindre 8,6 milliards d'euros au cours de l'exercice 2024. Des investissements de 9,6 milliards d'euros sont prévus pour l'exercice 2025. Le centre de données de Lübbenau accélérerait significativement ce rythme d'investissement et nécessitera d'importantes ressources financières pendant plusieurs années.
Le refinancement de cet investissement est conditionné par la réussite effective du Groupe Schwarz en tant que fournisseur de services cloud sur le marché. Lidl et Kaufland pourraient utiliser une partie de la capacité en interne, mais pour justifier économiquement l'investissement, des revenus externes substantiels doivent être générés. Le marché du cloud souverain en Allemagne est estimé à environ deux milliards d'euros d'ici 2030. Même si le Groupe Schwarz atteint une part de marché de dix pour cent, cela correspond à un chiffre d'affaires annuel de deux cents millions d'euros. Avec une marge brute typique d'environ trente pour cent dans le secteur du cloud, cela se traduirait par un bénéfice brut annuel de soixante millions d'euros, ce qui impliquerait une période d'amortissement largement supérieure à cent ans.
Ce calcul simplifié montre que l'investissement ne peut être justifié par les seuls revenus du cloud. Le groupe Schwarz doit donc se concentrer sur la création de valeur ajoutée. Cela inclut les économies réalisées en évitant les dépenses liées au cloud externe, le développement de positions stratégiques sur les marchés futurs et la capacité à développer des applications d'IA qui optimisent le cœur de métier. Par exemple, les systèmes basés sur l'IA peuvent gérer plus efficacement les chaînes d'approvisionnement, améliorer la gestion des stocks, réduire les pertes ou permettre un marketing personnalisé. Si de telles applications entraînent des améliorations mesurables dans le secteur du commerce de détail, l'investissement peut indirectement s'autofinancer.
Un autre risque réside dans le rythme effréné du développement technologique. L'IA évolue à une vitesse vertigineuse et les technologies de pointe actuelles peuvent devenir obsolètes en quelques années seulement. Le groupe Schwarz investit dans des processeurs graphiques dont la durée de vie est estimée à environ cinq ans avant que les améliorations de performance des nouvelles générations ne nécessitent une mise à niveau. L'investissement de 8,5 milliards d'euros dans l'infrastructure informatique doit donc être perçu comme un engagement continu, car des réinvestissements réguliers sont indispensables pour rester compétitif sur le plan technologique.
De plus, il existe un risque que les solutions de cloud souverain ne parviennent pas à s'imposer sur le marché. Si les entreprises européennes continuent de privilégier les hyperscalers américains malgré leurs préoccupations en matière de confidentialité des données, en raison d'une offre de services plus étendue, de meilleures performances ou de prix plus bas, la demande pour STACKIT restera limitée. Le chiffre d'affaires actuel de la division numérique, qui s'élève à 1,9 milliard d'euros, démontre que les revenus externes n'ont pas encore atteint le niveau requis pour refinancer de tels investissements. Le groupe Schwarz est en phase de développement, et le succès de cette étape ne pourra être évalué que dans quelques années.
Classification des politiques structurelles et perspective macroéconomique
D'un point de vue économique, l'investissement du groupe Schwarz présente des avantages et des inconvénients. D'une part, il renforce l'infrastructure numérique allemande et contribue à son autonomie stratégique. L'Europe est fortement dépendante des entreprises technologiques américaines, ce qui engendre des risques économiques et sécuritaires. Le développement de ses propres capacités réduit cette dépendance et permet aux entreprises européennes de préserver la souveraineté de leurs données. De tels investissements soutiennent également la priorité politique du gouvernement allemand de faire de l'Allemagne un pôle d'attraction pour les centres de données.
En revanche, l'échec de projets comme Gaia-X démontre que la volonté politique seule ne suffit pas à instaurer des alternatives compétitives. Le pouvoir de marché des hyperscalers repose sur des décennies d'investissement, une excellence technologique et des économies d'échelle difficiles à reproduire. Les fournisseurs européens doivent se concentrer sur des marchés de niche et ne peuvent rivaliser à grande échelle avec les entreprises américaines. Le groupe Schwarz poursuit une stratégie de niche astucieuse axée sur les solutions souveraines, mais il reste à voir si cela suffira à rentabiliser son investissement de onze milliards d'euros.
Les retombées économiques régionales pour Lübbenau et la Lusace sont limitées. Les centres de données ne créent quasiment aucun emploi direct, leur fonctionnement étant fortement automatisé. La création de valeur se concentre dans la phase de construction et dans les services tels que la maintenance et la sécurité, qui, toutefois, ne génèrent pas un volume d'emplois significatif. L'importance symbolique de la mise en place d'un projet d'avenir dans une région en pleine mutation structurelle est politiquement précieuse, mais elle ne compense pas les pertes d'emplois liées à la sortie du charbon.
La dimension énergétique mérite une attention particulière. Un centre de données dont la consommation électrique équivaut à celle d'un demi-million de foyers pose des défis considérables en matière d'approvisionnement énergétique, surtout si l'objectif est d'utiliser 100 % d'électricité verte. Le développement des énergies renouvelables doit être soutenu afin de garantir un bilan climatique positif. Si l'utilisation de la chaleur résiduelle pour le chauffage urbain est écologiquement pertinente, elle ne peut compenser la forte demande énergétique absolue. Dans le contexte des objectifs climatiques, il convient de s'interroger sur la pertinence, pour la société, des applications d'IA pour justifier leur consommation considérable de ressources.
Le repositionnement stratégique comme jeu à long terme
L'investissement du groupe Schwarz à Lübbenau ne constitue pas un projet majeur isolé, mais s'inscrit dans le cadre d'un vaste recentrage stratégique. Le groupe se transforme ainsi d'une simple entreprise de négoce en un groupe technologique diversifié, présent dans les secteurs de la production, du recyclage, des technologies de l'information et des services cloud. Cette diversification s'inspire de sociétés prospères comme Amazon, qui maîtrisent les chaînes de valeur et développent de nouveaux secteurs d'activité grâce à l'intégration verticale. Le groupe Schwarz tire parti des économies d'échelle réalisées dans le négoce pour développer des capacités qu'il pourra ensuite commercialiser à l'international.
La vision à long terme est claire : le groupe Schwarz ambitionne de devenir le premier hyperscaler européen, occupant ainsi une position actuellement détenue exclusivement par des entreprises américaines. La faisabilité de cet objectif reste à démontrer. Les défis sont immenses, les perspectives de succès incertaines, mais la démarche stratégique est cohérente. Au lieu de s’appuyer sur des financements publics ou des consortiums, le groupe investit ses propres ressources et obtient des résultats concrets.
Ces onze milliards d'euros doivent être perçus moins comme un investissement à court terme axé sur le retour sur investissement que comme une stratégie à long terme visant à consolider des positions stratégiques dans l'économie numérique. Pour une entreprise réalisant un chiffre d'affaires annuel de 175 milliards d'euros, le montant est conséquent, mais pas vital. Le groupe Schwarz bénéficie d'une solide trésorerie grâce à son activité de distribution et peut supporter cet investissement, même si l'amortissement s'étale sur plusieurs décennies. La clé du succès résidera dans sa capacité à bâtir un écosystème durable et à conquérir suffisamment de clients qui reconnaissent la souveraineté numérique comme une valeur stratégique et sont prêts à payer pour cela.
Les prochaines années diront si ce pari est gagnant. La première phase de construction devrait s'achever fin 2027. On saura alors si la demande de services de cloud souverain est aussi forte qu'escompté, si les coûts restent dans les limites du budget et si les évolutions technologiques dépassent l'investissement. Le groupe Schwarz prend un risque considérable, mais avec détermination et solidité financière. Ce n'est que dans une dizaine d'années que l'on saura définitivement si ces onze milliards d'euros se révéleront un investissement visionnaire ou une erreur de jugement coûteuse.
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