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La réorientation du Canada à l’ombre du principe « America First » : une nation se redéfinit

Le réalignement du Canada à l'ombre de « l'Amérique d'abord » : une nation se redéfinit

Le réalignement du Canada à l'ombre du principe « America First » : une nation se redéfinit – Image : Xpert.Digital

La libération silencieuse du Canada : comment le pays apprend à vivre sans les États-Unis

### Plus qu'un simple différend : Pourquoi le Canada ne fait plus aveuglément confiance aux États-Unis – et ce que cela signifie pour nous ### Quand le voisin est devenu une menace : le revirement radical du Canada depuis l'ère Trump ### L'Amérique d'abord, le Canada seul ? Comment un président a changé à jamais le partenariat le plus étroit du monde ###

De partenaire à priorité : comment le Canada a été forcé de réinventer sa propre sécurité.

Pendant des décennies, la relation entre le Canada et les États-Unis a été considérée comme la référence en matière de partenariats internationaux – une imbrication profonde, presque évidente, d'économie, de sécurité et de culture, symbolisée par la plus longue frontière non défendue du monde. Cependant, ce fondement de coopération et d'asymétrie prévisible a été fondamentalement ébranlé par la présidence de Donald Trump et sa doctrine « America First ». Ce qui a suivi n'a pas été un simple différend diplomatique, mais un choc tectonique qui a amené Ottawa à réaliser que la dépendance envers son voisin du sud représente une vulnérabilité existentielle.

L'attaque s'est produite sur tous les fronts : une renégociation agressive de l'ALENA, l'imposition de tarifs punitifs sur l'acier et l'aluminium sous le prétexte humiliant de la « sécurité nationale », et la pression politique incessante exercée sur les alliés ont remis en question des décennies de certitudes. L'animosité personnelle entre les chefs d'État et le déclin spectaculaire de l'opinion publique canadienne envers les États-Unis n'étaient que les symptômes visibles d'une profonde aliénation qui a ébranlé la confiance en son essence.

Ce choc a contraint le Canada à s'engager dans une réorientation stratégique qui va bien au-delà de la gestion de crise à court terme. En réponse au protectionnisme, le gouvernement a lancé une politique délibérée de diversification économique, conclu des accords commerciaux novateurs avec l'Europe (AECG) et le Pacifique (PTPGP), et défini les marchés mondiaux comme une nécessité nationale. Parallèlement, les doutes quant à la garantie de sécurité américaine ont conduit à des investissements dans la défense continentale les plus importants depuis des générations et à un regain d'intérêt pour la souveraineté dans l'Arctique. Le texte qui suit analyse ce changement de paradigme et montre comment les années Trump ont forcé le Canada à passer d'un partenaire dépendant à un acteur stratégiquement plus autonome, appelé à redéfinir sa place dans le monde.

L'ère pré-Trump : un fondement de coopération et de compétition

Pour comprendre l'ampleur des bouleversements provoqués par l'administration Trump, il est essentiel d'examiner l'état des relations canado-américaines avant 2017. Cette époque était caractérisée par une profonde interdépendance, mais non sans défis persistants. Cette « normalité » établie fournit le contexte crucial dans lequel les bouleversements ultérieurs apparaissent comme une rupture historique.

Intégration économique dans le cadre de l'ALENA : prospérité et points de friction

Le fondement des relations économiques bilatérales était l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), entré en vigueur en 1994 et s'appuyant sur l'Accord de libre-échange Canada-États-Unis (ALECUS) de 1989. L'ALENA a créé la plus grande zone de libre-échange au monde et a permis de tripler les échanges de biens entre le Canada et les États-Unis et de décupler les échanges avec le Mexique. Des secteurs clés comme l'automobile et l'énergie sont devenus fortement intégrés, avec des chaînes d'approvisionnement transfrontalières complexes dans lesquelles les composants traversaient la frontière à plusieurs reprises avant d'atteindre l'assemblage final. Environ 70 % des exportations canadiennes de biens vers les États-Unis étaient utilisées comme intermédiaires pour les biens américains, ce qui souligne l'ampleur de cette interdépendance.

Pour l'économie canadienne, l'ALENA a eu des retombées largement positives, quoique complexes. L'accord a favorisé les gains de productivité dans le secteur manufacturier, ouvert de nouvelles perspectives d'exportation et attiré d'importants investissements étrangers. Parallèlement, il a entraîné une concentration accrue des échanges commerciaux du Canada avec les États-Unis, dont la part des exportations totales est passée de 74 % à 85 %. Certaines analyses ont également souligné des effets négatifs sur l'emploi dans certains secteurs et des pressions accrues en matière de restructuration sur les entreprises canadiennes pour qu'elles demeurent compétitives. Dans l'ensemble, cependant, l'ALENA a offert un environnement commercial prévisible et stable qui a soutenu la prospérité du Canada.

Cette relation étroite n'était cependant pas exempte de conflits. Le différend concernant les exportations de bois d'œuvre résineux en est un parfait exemple. Au cœur du conflit se trouvait l'accusation des États-Unis selon laquelle les provinces canadiennes subventionnaient leur industrie du bois en fixant des prix artificiellement bas pour le bois provenant des forêts domaniales (les « droits de coupe »). Cela a donné lieu à un cycle récurrent de tarifs américains, de poursuites canadiennes devant les instances de l'ALENA et de l'OMC, et de compromis négociés comme l'Accord sur le bois d'œuvre résineux (ABS) de 2006. L'expiration de cet accord en 2015 a ouvert la voie à la confrontation suivante, au moment même où le paysage politique américain commençait à changer radicalement.

Un autre exemple de friction bilatérale est la controverse autour de l'oléoduc Keystone XL. Ce projet, qui devait transporter du pétrole brut issu des sables bitumineux canadiens vers des raffineries américaines, est devenu un point de mire pour l'activisme environnemental et un enjeu hautement politique aux États-Unis. Le rejet de l'oléoduc par le président Barack Obama en 2015, malgré le soutien du gouvernement canadien, a mis en évidence comment la dynamique politique intérieure américaine pouvait éclipser les intérêts économiques communs et engendrer de vives tensions.

Avant 2017, la relation pouvait être qualifiée d'« asymétrie gérée ». Le Canada dépendait fortement du marché américain, mais cette dépendance était gérée par un système prévisible et fondé sur des règles (ALENA, OMC). Des différends comme celui du bois d'œuvre, bien qu'âpres, étaient finalement négociés et résolus dans ce cadre établi. Ce processus, souvent frustrant pour le Canada, lui a procuré une stabilité cruciale. Cependant, une intégration économique profonde a également engendré des vulnérabilités qui n'ont été pleinement reconnues au Canada qu'au moment où elles ont été exploitées. L'efficacité des chaînes d'approvisionnement transfrontalières a constitué un atout en période de coopération, mais s'est révélée une faiblesse critique face aux menaces de tarifs douaniers et de perturbations, laissant le Canada extrêmement vulnérable aux pressions économiques.

Un parapluie de défense commun : NORAD, OTAN et les « Five Eyes »

Le partenariat de sécurité et de défense entre le Canada et les États-Unis était sans précédent dans l'histoire. Son fondement était le Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD), créé en 1958 pendant la Guerre froide et qui demeure le seul commandement militaire binational au monde. Sa mission est d'assurer l'alerte aérienne et spatiale et le contrôle de l'espace aérien du continent, sous la direction d'un commandant américain et d'un adjoint canadien, tous deux relevant des chefs d'État et de gouvernement des deux pays. Conçue à l'origine pour la défense contre les bombardiers soviétiques, la mission du NORAD a évolué pour inclure la surveillance des missiles balistiques et, après le 11 septembre 2001, la défense contre des menaces aériennes plus générales. Le gouvernement du premier ministre Stephen Harper a rendu l'accord du NORAD permanent en 2006 et l'a élargi pour y inclure un volet d'alerte maritime.

En tant que membre fondateur de l'OTAN, le Canada a toujours été un partenaire fiable dans les missions de sécurité collective. Si les contributions canadiennes étaient appréciées, les dépenses de défense, constamment inférieures à la ligne directrice de l'OTAN de 2 % du produit intérieur brut, étaient une source de frictions récurrentes, quoique principalement en coulisses. La coopération la plus étroite a eu lieu au sein de l'alliance « Five Eyes », une communauté du renseignement qui comprend le Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, en plus des États-Unis et du Canada. Ce partenariat symbolise la confiance exceptionnelle qui constitue le fondement de la relation de sécurité.

Après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, la coopération en matière de sécurité frontalière s'est considérablement intensifiée. Cela a donné lieu à des initiatives telles que l'Accord sur les tiers pays sûrs (ETS) de 2002 visant à réguler les demandes d'asile à la frontière commune et l'initiative « Par-delà la frontière » de 2011, sous Harper et Obama. Cette dernière visait à créer un périmètre de sécurité commun tout en facilitant les échanges commerciaux et les déplacements légitimes.

Cette architecture de sécurité reposait sur un pacte implicite : le Canada bénéficiait d’un accès sans précédent à l’appareil de défense et de renseignement américain. En contrepartie, il offrait aux États-Unis une profondeur stratégique et une protection sûre du flanc nord, ainsi que des contributions fiables, quoique modestement financées, à l’Alliance. Ce pacte présupposait une compréhension commune des menaces et un respect mutuel – des hypothèses qui seraient ultérieurement remises en question. Même avant l’ère Trump, la nécessité de moderniser le NORAD était reconnue, car le paysage des menaces évoluait plus vite que l’infrastructure de défense. Le Système d’alerte du Nord était obsolète et de nouvelles menaces, comme les missiles hypersoniques, apparaissaient à l’horizon. Cependant, la volonté politique et les ressources financières nécessaires à une refonte complète faisaient initialement défaut.

Proximité culturelle et courants politiques : l'opinion publique avant 2017

Les relations politiques au sommet étaient façonnées par les personnalités respectives. La période 2000-2016 a été marquée par les relations tendues entre le libéral Jean Chrétien et le républicain George W. Bush, qui ont culminé avec le différend concernant la guerre en Irak de 2003, lorsque le Canada a refusé d'y participer sans mandat de l'ONU. S'en est suivie une relation plus pragmatique et pragmatique entre le conservateur Stephen Harper, d'une part, et Bush et le démocrate Barack Obama, d'autre part, axée sur la coopération en matière de sécurité et la résolution des différends commerciaux. L'harmonie personnelle a culminé avec l'étroite amitié entre Justin Trudeau et Barack Obama, qui a marqué une période de grande cordialité dans les relations bilatérales.

L'opinion publique canadienne a reflété ces tendances politiques. La cote de popularité traditionnellement élevée des États-Unis a chuté considérablement sous la présidence de George W. Bush, notamment en raison de la guerre en Irak. Sous Obama, elle s'est redressée et a atteint de nouveau des niveaux très élevés, en grande partie grâce à sa popularité personnelle. Cela révèle un aspect central des perceptions canadiennes : les attitudes envers les États-Unis dépendent fortement de la personne qui occupe la Maison-Blanche. Les sondages montrent que les Canadiens font la distinction entre le peuple américain, qu'ils apprécient généralement, et le gouvernement actuel, qu'ils critiquent.

Malgré des liens étroits, une divergence croissante sur le plan culturel et des valeurs est apparue durant cette période. Des études ont suggéré que les Canadiens et les Américains divergeaient sur des questions de libéralisme social, de rôle du gouvernement et d'attitudes envers l'autorité. Ce changement sociétal sous-jacent allait amplifier considérablement la réaction politique et émotionnelle au Canada à l'élection de Donald Trump. Le conflit entre Chrétien et Bush au sujet de la guerre en Irak a créé un précédent important. Il a démontré que le Canada était disposé et capable de diverger des États-Unis sur un enjeu clé de politique étrangère, malgré d'intenses pressions. Le fait que les conséquences économiques redoutées ne se soient pas matérialisées à l'époque a constitué une leçon cruciale. Cet acte d'indépendance politique a servi de point d'ancrage historique au gouvernement Trudeau qui a suivi, confronté à des pressions encore plus fortes de la part de Washington.

 

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La confiance en ruine : l'héritage durable de l'ère Trump pour le Canada

Le choc Trump : un changement de paradigme dans les relations

La présidence de Donald Trump a marqué une rupture fondamentale avec le passé. Sa doctrine « l'Amérique d'abord » a remplacé la politique d'alliance traditionnelle par une approche transactionnelle qui a remis en question des décennies de certitudes et a forcé le Canada à réévaluer fondamentalement sa position.

L'attaque contre le libre-échange : la renégociation de l'ALENA et la guerre tarifaire

L'administration Trump a qualifié l'ALENA de « pire accord jamais conclu » et a lancé une renégociation agressive. La stratégie initiale du Canada, qui consistait à s'engager de manière constructive dans la modernisation de l'accord, s'est heurtée à une série d'exigences américaines perçues par Ottawa comme des « pilules empoisonnées ». Parmi celles-ci figuraient une « clause de temporisation » qui aurait automatiquement fait expirer l'accord après cinq ans, l'abolition du système canadien de gestion de l'offre laitière et l'élimination du mécanisme de règlement des différends du chapitre 19, pourtant crucial pour le Canada.

Le conflit s'est intensifié en 2018 lorsque les États-Unis ont imposé des droits de douane de 25 % sur l'acier et de 10 % sur l'aluminium en provenance du Canada, invoquant la sécurité nationale en vertu de l'article 232 de la Trade Expansion Act de 1962. Cette décision a constitué un affront particulier pour le Canada. L'insinuation selon laquelle le Canada, son plus proche allié militaire, représentait une menace pour la sécurité des États-Unis a été perçue comme absurde et insultante, brisant les fondements de la confiance. L'utilisation de la justification de la sécurité nationale a été le véritable tournant. Elle a transformé un différend commercial en un défi fondamental pour l'alliance elle-même. Alors que les conflits précédents, comme celui sur le bois d'œuvre, étaient de nature commerciale, l'invocation de l'article 232 a remis en question l'ensemble des fondements du partenariat et a fait de la diversification économique un impératif de sécurité nationale pour le Canada.

La réponse du Canada a été rapide, décisive et stratégique. Le 1er juillet 2018, jour de l'indépendance du Canada, des droits de douane de rétorsion du même montant sont entrés en vigueur sur des marchandises américaines d'une valeur de 16,6 milliards de dollars canadiens. La liste des produits touchés a été soigneusement sélectionnée afin d'exercer une pression politique maximale dans les États et circonscriptions clés des États-Unis tout en minimisant les dommages à l'économie canadienne. Cette stratégie a été une leçon d'habileté politique de moyenne puissance. Incapable de remporter une guerre commerciale à grande échelle, le Canada a misé sur des pressions ciblées et asymétriques pour infliger des dommages politiques plutôt que purement économiques, influençant ainsi les calculs politiques intérieurs aux États-Unis.

Les négociations ont finalement abouti à l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), aussi connu sous le nom d'AEUMC. Le Canada a été contraint de faire des concessions, notamment concernant l'accès à son marché laitier, mais a pu préserver des intérêts clés, notamment le mécanisme de règlement des différends et une clause de sauvegarde contre de futurs tarifs douaniers sur les automobiles. Les tarifs sur l'acier et l'aluminium ont été levés en mai 2019 dans le cadre du processus de ratification. Cependant, la guerre tarifaire a eu d'importantes conséquences économiques. Les exportations canadiennes d'acier et d'aluminium se sont effondrées, les chaînes d'approvisionnement ont été perturbées et les coûts pour les entreprises des deux côtés de la frontière ont augmenté. Cet épisode a laissé une profonde incertitude en matière d'investissement et a douloureusement mis en évidence la vulnérabilité économique du Canada aux mesures unilatérales des États-Unis.

Tarifs de rétorsion du Canada sur les produits américains (exemples choisis, 2018)

En 2018, le Canada a imposé des droits de douane de rétorsion sur certains produits américains : divers produits en acier, tels que les tuyaux et les tôles, ont été soumis à un tarif de 25 % pour exercer une pression générale sur l'industrie sidérurgique américaine ; divers produits en aluminium, tels que les barres et les feuilles, ont été soumis à un tarif de 10 % dans le but de frapper l'industrie américaine de l'aluminium ; des produits alimentaires, tels que le yaourt, le sirop d'érable, la pizza et les cornichons, ont été soumis à un tarif de 10 %, ce qui a été perçu comme une pression ciblée sur des États comme le Wisconsin (Paul Ryan), le Vermont et d'autres ; des boissons comme le whisky et le jus d'orange ont également été soumises à un tarif de 10 %, avec un œil sur des États comme le Kentucky (Mitch McConnell) et la Floride ; et divers biens de consommation, notamment des tondeuses à gazon, des cartes à jouer et des sacs de couchage, ont été taxés à 10 % pour frapper les régions de production dans divers États américains.

Tarifs de rétorsion du Canada sur les produits américains en 2025

La stratégie douanière du Canada à l’égard des États-Unis a subi un changement fondamental en 2025. À la suite de conflits commerciaux intenses et de plusieurs escalades, le Canada et les États-Unis ont considérablement ajusté leurs approches.

Situation douanière actuelle (septembre 2025)

Tarifs abrogés

Depuis le 1er septembre 2025, le Canada a levé la plupart de ses droits de douane de rétorsion sur les produits américains conformes à l'ACEUM. Cette mesure touche des produits d'une valeur de plus de 30 milliards de dollars canadiens, notamment :

  • Nourriture : Jus d'orange, beurre de cacahuète, divers produits agricoles
  • Boissons : Whisky, spiritueux, bière
  • Biens de consommation : machines à laver, réfrigérateurs, vêtements, chaussures
  • Autres biens : motos, articles en papier, cosmétiques
Tarifs existants

Cependant, le Canada maintient des tarifs douaniers stratégiquement importants :

Produits en acier et en aluminium : 50 % (contre 25 % en juin 2025)
  • Comprend divers produits en acier tels que des tuyaux, des tôles, des vis et des boulons
  • Tiges, feuilles et dérivés d'aluminium
  • Valeur commerciale : 15,6 milliards de dollars canadiens
Véhicules et pièces détachées automobiles : 25 %
  • Voitures particulières, camions légers et pièces automobiles non conformes à l'ACEUM
  • Valeur commerciale : plus de 20 milliards de dollars canadiens
Marchandises non conformes à l'ACEUM : 35 % (augmenté de 25 % en août 2025)
  • Tous les produits américains non couverts par l'accord CUSMA

Réalignement stratégique

Les exemptions à l'ACEUM : un tournant

La décision d'exempter les marchandises conformes à l'ACEUM des droits de douane reflète un réalignement stratégique. Le premier ministre Mark Carney a souligné que « le Canada et les États-Unis ont maintenant rétabli le libre-échange pour la grande majorité de nos marchandises ». Environ 85 % des échanges commerciaux canado-américains sont désormais exemptés de droits de douane.

Focus sur les secteurs stratégiques

Le Canada concentre désormais sa politique douanière sur trois domaines stratégiques :

  1. industrie sidérurgique
  2. industrie de l'aluminium
  3. Secteur automobile

Cette approche vise à maintenir la pression politique sur certains États et certaines industries américaines tout en normalisant les échanges bilatéraux.

Objectifs politiques et impacts régionaux

Objectifs initiaux (2018 et 2025)

Les tarifs de rétorsion initiaux de 2018 et leur réimposition en 2025 ciblaient des régions politiquement sensibles :

  • Wisconsin : droits de douane sur les yaourts et les produits agricoles
  • Kentucky : Par le biais des droits de douane sur le whisky (État d'origine de Mitch McConnell)
  • Floride : via les droits de douane sur le jus d'orange
  • Vermont : droits de douane sur le sirop d'érable
Stratégie actuelle (2025)

Les tarifs restants se concentrent sur :

  • Michigan et Ohio : centres de l'industrie automobile
  • Pennsylvanie et Indiana : États producteurs d'acier
  • Washington et Oregon : industrie de l'aluminium

Dynamique et perspectives de négociation

Négociations intensives

À la suite d'un appel téléphonique entre Carney et Trump en août 2025, les deux pays ont intensifié leurs négociations. Le Canada a indiqué sa volonté de faire de nouvelles concessions sur l'acier, l'aluminium et l'automobile, en fonction de l'avancement des négociations.

Examen de l'ACEUM 2026

La révision de l'ACEUM, prévue pour 2026, se profile déjà à l'horizon. Les deux pays profitent des négociations tarifaires en cours pour se préparer à cette révision plus complète de l'accord de libre-échange.

Impact economique

Malgré les tensions commerciales persistantes, l'évolution actuelle indique un retournement de situation pragmatique. Le rétablissement du libre-échange pour 85 % des échanges bilatéraux réduit considérablement les contraintes économiques, tandis que les droits de douane ciblés demeurent un outil de négociation.

La Stratégie douanière 2025 du Canada démontre une évolution des mesures de rétorsion de grande envergure vers des outils stratégiques ciblés qui maintiennent la pression politique tout en protégeant les fondements économiques de l’intégration nord-américaine.

Le test de résistance de l'Alliance : pression sur l'OTAN et l'Arctique

Parallèlement à la guerre commerciale, l'administration Trump a exercé une pression publique incessante sur le Canada pour qu'il augmente ses dépenses de défense jusqu'à l'objectif de 2 % du PIB fixé par l'OTAN. Ces exigences, souvent formulées sur un ton acrimonieux, ont placé le gouvernement Trudeau devant un dilemme entre les engagements de l'Alliance et les priorités nationales. Bien que le Canada ait augmenté ses dépenses de défense durant cette période, celles-ci sont restées en deçà de l'objectif, ce qui a entraîné des tensions persistantes. La pression américaine a eu un effet paradoxal : au lieu de simplement forcer le Canada à se conformer, son style acerbe a renforcé son désir d'une plus grande indépendance stratégique. Elle a mis en évidence les risques d'une dépendance excessive à l'égard d'un allié unique et imprévisible.

Parallèlement, l'imprévisibilité du gouvernement américain a suscité de nouvelles inquiétudes quant à la défense du continent. Si la coopération directe se poursuivait par l'intermédiaire du NORAD, le contexte stratégique a évolué. La présence croissante de la Russie et de la Chine dans l'Arctique, conjuguée à un partenaire peu fiable à Washington, a renforcé l'urgence des projets canadiens de modernisation militaire dans le Nord. L'Arctique devenait un théâtre d'opérations où les intérêts canadiens et américains pouvaient potentiellement diverger. Si les deux pays partageaient un intérêt commun pour la défense du continent, l'accent mis par le Canada sur la souveraineté et la protection de l'environnement pourrait entrer en conflit avec une approche américaine plus agressive, axée sur les ressources.

Le tremblement de terre émotionnel : tensions politiques et opinion publique

Les relations entre le premier ministre Trudeau et le président Trump ont été difficiles et publiquement tendues dès le début. De la célèbre poignée de main hésitante lors de leur première rencontre aux attaques personnelles de Trump après le sommet du G7 de 2018 à Québec, où il a qualifié Trudeau de « malhonnête » et de « faible », l'animosité personnelle reflétait la détérioration des relations officielles.

Ces tensions ont entraîné un déclin spectaculaire de l'opinion publique canadienne envers les États-Unis. Les taux d'approbation des États-Unis et de leur président ont atteint des niveaux historiquement bas. Un sondage de 2020 a révélé que seulement 35 % des Canadiens avaient une opinion favorable des États-Unis. La confiance envers le président américain est tombée à seulement 16-17 %. Pour la première fois, une majorité de Canadiens considéraient les États-Unis comme la plus grande menace pour leur propre pays. Ce déclin n'était pas seulement une réaction à des politiques individuelles, mais à une violation perçue des valeurs communes. La rhétorique et l'approche unilatéraliste de Trump contrastaient fortement avec la culture politique canadienne, qui valorise le multilatéralisme, l'ouverture et une gouvernance prévisible.

La politique d'immigration américaine a également eu un impact direct sur le Canada. Les propos virulents de l'administration Trump et ses actions, comme la menace de révocation du statut de personne protégée handicapée (TPS) pour les Haïtiens, ont provoqué une forte augmentation des passages irréguliers à la frontière canadienne, notamment à des endroits comme le chemin Roxham, au Québec. Cet afflux de demandeurs d'asile a exercé une pression considérable sur les ressources canadiennes et a suscité un débat national intense sur l'avenir de l'Entente sur les tiers pays sûrs. Cette crise migratoire a démontré de manière très concrète que le Canada ne pouvait se protéger des conséquences de la politique intérieure américaine. La frontière est devenue un vecteur d'instabilité, forçant le Canada à réagir à un problème qu'il n'avait pas créé.

Français L'opinion publique canadienne sur le leadership américain au cours des années sélectionnées montre les valeurs suivantes : 2016 — sous le président américain Barack Obama, l'approbation était de 61 % (moyenne), sans désapprobation signalée (source : Gallup). 2018 — sous Donald Trump, l'approbation était de 16 % (source : Gallup). 2020 — pour Donald Trump, deux mesures sont disponibles : selon Gallup, l'approbation était de 17 %, la désapprobation est signalée à 79 % (valeur de 2025) ; selon Pew Research, le taux de favorabilité était de 35 %, la désapprobation était de 64 % (valeur de 2025). 2021 — sous Joe Biden, l'approbation était de 41 % (moyenne ; source : Gallup).

La réponse stratégique du Canada : la recherche de l'autonomie

Les bouleversements des années Trump ont déclenché un réalignement stratégique fondamental au Canada. Il ne s'agissait pas d'ajustements temporaires, mais de changements fondamentaux dans la politique étrangère et économique du Canada visant à accroître son autonomie.

La diversification économique est à l’ordre du jour : CETA et CPTPP

En réponse directe au protectionnisme américain et à l'incertitude qui en découlait, le gouvernement canadien a adopté une stratégie explicite de diversification des exportations. L'objectif affiché était d'augmenter les exportations vers les marchés étrangers de 50 % d'ici 2025, réduisant ainsi l'extrême dépendance du pays envers le marché américain. Cette stratégie a été présentée non seulement comme une opportunité économique, mais aussi comme une « nécessité nationale ».

Les principaux accords commerciaux multilatéraux constituaient deux piliers centraux de cette stratégie. L'Accord économique et commercial global (AECG) avec l'Union européenne a donné au Canada un accès privilégié à l'un des plus grands marchés mondiaux. Plus importante encore a été la décision du Canada, après le retrait des États-Unis du Partenariat transpacifique (PTP) initial, de conserver cet accord et de le promouvoir sous le nom d'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP). Cette décision a conféré aux entreprises canadiennes un avantage concurrentiel dans dix autres pays riverains du Pacifique, y compris des marchés clés comme le Japon. Le Canada est ainsi devenu le seul pays du G7 à avoir conclu des accords de libre-échange avec tous les autres partenaires du G7.

La poursuite de l'AECG et du PTPGP constituait un contrepoids stratégique évident au protectionnisme américain. Il s'agissait d'une décision à la fois géopolitique et économique visant à signaler au monde – et à Washington – que le Canada avait des solutions de rechange. Cette stratégie de diversification représente le changement le plus important de la politique commerciale canadienne depuis la signature de l'accord de libre-échange initial avec les États-Unis en 1989. Il s'agit d'une tentative délibérée d'inverser la tendance, vieille de plusieurs décennies, à l'intégration croissante de l'Amérique du Nord et de réorienter l'axe économique d'une orientation purement nord-sud vers une approche plus globale et multidirectionnelle. Parallèlement, des efforts ont été déployés pour renforcer l'économie nationale en réduisant les barrières commerciales interprovinciales et en adoptant des politiques d'achat canadien dans les marchés publics.

Modernisation militaire et nouveaux partenariats

La prise de conscience que les garanties de sécurité américaines ne pouvaient plus être tenues pour acquises a conduit à une réévaluation de la politique de défense canadienne. En 2022, le gouvernement a annoncé un investissement massif de 38,6 milliards de dollars canadiens sur 20 ans pour moderniser le NORAD – le plus important investissement dans la défense continentale depuis une génération. Ce plan comprend de nouveaux systèmes radar transhorizon pour l'Arctique, des structures de commandement et de contrôle modernisées et de nouveaux systèmes d'armes air-air. Cet investissement est directement lié à l'objectif de renforcement de la souveraineté canadienne dans l'Arctique. Dans un monde où le partenaire américain est moins prévisible et les adversaires plus affirmés, la capacité de surveiller et de contrôler son propre territoire nordique est devenue une priorité absolue.

Parallèlement, le Canada a délibérément cherché à resserrer ses liens de sécurité avec ses alliés européens afin de contrebalancer sa dépendance envers les États-Unis. Il a notamment signé un « Partenariat de sécurité et de défense » avec l'UE et a laissé entendre qu'il accorderait un traitement préférentiel aux fournisseurs européens lors de futurs achats militaires, notamment d'avions de combat. Ce pivot vers l'Europe est une stratégie classique de « couverture ». Il offre au Canada des partenariats alternatifs, un accès à la technologie militaire et un soutien diplomatique, réduisant ainsi son isolement et sa dépendance à l'égard de Washington.

Une nouvelle politique étrangère pour un monde changé

Les changements économiques et militaires s'inscrivent dans une nouvelle doctrine de politique étrangère d'« autonomie stratégique ». L'objectif du Canada est de passer d'une position de dépendance à une position d'influence, agissant comme un acteur indépendant que les États-Unis ne peuvent ignorer ni outrepasser. Un outil clé pour y parvenir est le recours accru au multilatéralisme, non par idéalisme, mais comme moyen pragmatique d'influencer le comportement des grandes puissances et de forger des coalitions avec des puissances moyennes partageant les mêmes idées.

L'héritage ultime de l'ère Trump pour le Canada est la fin de la complaisance. L'hypothèse de longue date selon laquelle les États-Unis seraient toujours un partenaire bienveillant et prévisible a volé en éclats. Cela a forcé une refonte nationale et l'adoption d'une politique étrangère plus sobre et égoïste. La mise en œuvre de cette nouvelle position demeure un défi. Elle exige une volonté politique soutenue, des investissements financiers importants et un changement fondamental de mentalité nationale. Les liens économiques et culturels profonds avec les États-Unis demeurent, et naviguer dans cette relation complexe tout en traçant une voie plus indépendante constituera le principal défi de la politique étrangère canadienne dans un avenir prévisible.

L’ancienne relation est terminée : le chemin du Canada vers une plus grande autonomie stratégique

Pour le Canada, la présidence de Donald Trump a été plus qu'une simple période de tensions dans les relations ; ce fut un choc tectonique qui a ébranlé les fondements de la politique étrangère et économique canadienne. Le partenariat stable, quoique asymétrique, qui caractérisait la période d'avant 2017 a été profondément remis en question par la doctrine de « l'Amérique d'abord ». Les attaques économiques provoquées par la renégociation de l'ALENA et l'imposition de tarifs douaniers sous prétexte de sécurité nationale, la pression militaire au sein de l'OTAN et la profonde aliénation de l'opinion publique ont contraint le Canada à réagir bien au-delà de la simple limitation des dégâts à court terme.

En réponse, le Canada a entrepris un réalignement stratégique complet. Sur le plan économique, grâce à des accords comme l'AECG et le PTPGP, il s'est détourné de sa dépendance écrasante envers le marché américain et a cherché de nouveaux partenaires en Europe et en Asie. Sur le plan militaire, il a investi massivement dans la modernisation de ses défenses continentales et renforcé sa souveraineté dans l'Arctique afin de devenir un partenaire plus indispensable et donc plus égalitaire, tout en approfondissant ses liens de sécurité avec l'Europe. Sur les plans politique et social, cette expérience a conduit à une vision plus sobre et indépendante du monde et de la place du Canada dans celui-ci.

La présidence Trump a donc agi comme catalyseur. Elle a forcé le Canada à reconnaître ses vulnérabilités et à jouer un rôle plus actif dans la construction de son propre destin. L'« ancienne relation », fondée sur l'acceptation tacite et l'intégration progressive, est révolue. Elle a été remplacée par un partenariat plus complexe et plus affirmé, dans lequel le Canada ne se contente plus de réagir, mais cherche activement à définir et à faire valoir ses intérêts sur la scène internationale. Bien que cette voie soit semée d'incertitudes et de coûts, elle a permis au Canada de devenir plus résilient, diversifié et stratégiquement autonome.

 

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