
Le frein à la dette comme enjeu de pouvoir : pourquoi la Bundesbank interroge Friedrich Merz – Image : Xpert.Digital
Une bombe à retardement dans les finances publiques : comment le gouvernement perd le contrôle
Déficit de 4,8 % d'ici 2028 : la Bundesbank révèle l'énorme trou d'un milliard d'euros dans le budget fédéral
Absence de vision pour l'avenir : comment l'Allemagne se dirige sciemment vers une nouvelle crise constitutionnelle
La Bundesbank a identifié une situation explosive : des charges d’intérêts qui pourraient doubler pour atteindre 65 milliards d’euros d’ici 2029, une hausse des dépenses sociales liée au vieillissement de la population et un déficit de financement de 172 milliards d’euros pour lequel aucun plan n’est actuellement prévu. Le constat dressé par Francfort est sans appel : le gouvernement s’appuie sur un « principe d’espoir » pour la croissance économique tout en se dirigeant sciemment vers une violation inconstitutionnelle du frein à l’endettement.
Convient à:
Critique inhabituellement acerbe en provenance de Francfort : la Bundesbank démantèle le pari du gouvernement sur la croissance
Karlsruhe menace à nouveau : pourquoi briser le frein à l'endettement devient une question de survie pour le chancelier Merz
Le rapport mensuel de décembre de la Bundesbank n'est pas un simple document académique. Il s'agit d'un avertissement politique, formulé en termes économiques. La banque centrale de Francfort a publié une critique inhabituellement acerbe de la politique budgétaire du gouvernement Merz – un phénomène rare qui témoigne de l'érosion de la confiance de l'élite technocratique dans la capacité du gouvernement fédéral à gérer les finances publiques. Cette analyse examine les raisons pour lesquelles la Bundesbank tire la sonnette d'alarme maintenant, juste avant Noël, les conséquences pour les années à venir et comment cela soulève la question fondamentale du pouvoir : qui contrôle réellement le budget allemand ?
Peu avant Noël, la Bundesbank a tiré la sonnette d'alarme, remettant ouvertement en question la politique budgétaire du gouvernement Merz. Dans son rapport mensuel de décembre, la banque centrale allemande prévoit que le déficit public passera de son niveau actuel d'environ 2,5 % à 4,8 % en 2028. Ce chiffre n'est pas qu'un simple pourcentage abstrait ; il marque un tournant historique. Ce déficit de 4,8 % est aussi élevé qu'au milieu des années 1990, immédiatement après la réunification allemande. À l'époque, l'Allemagne avait sombré dans une crise existentielle qui exigeait des dépenses publiques massives. Aujourd'hui, cette justification de crise n'a plus rien d'urgent. L'Allemagne n'est pas au bord du gouffre ; elle souhaite simplement se réinventer.
Le ratio dette/PIB atteindrait 68 %. À l'échelle internationale, ce chiffre n'est pas encore catastrophique – la France et l'Italie affichent des niveaux nettement supérieurs. Mais c'est précisément là le problème. Ce chiffre donne une fausse impression de normalité alors que des problèmes importants se profilent. Surtout, la Bundesbank lance un avertissement clair et sans équivoque : selon les prévisions actuelles, l'État fédéral dépasserait le plafond d'endettement fixé par la Loi fondamentale (la Constitution allemande) d'ici 2028. Et pour l'instant, aucune mesure concrète n'a été prise pour l'empêcher. Tel est le constat alarmant, loin d'être théorique.
En tant qu'observatrice et conseillère du gouvernement, la Bundesbank le contredit rarement ouvertement. Son rôle est traditionnellement discret, voire consultatif. La clarté de son argumentation actuelle n'en est que plus remarquable. Elle affirme en substance : selon les prévisions actuelles, le gouvernement fédéral dépassera le plafond d'emprunt fixé par le frein à la dette en 2028, et ce, sans aucune mesure corrective apparente. Au sein du gouvernement, personne n'a de plan pour la période qui suivra. Ce qui constitue une question purement budgétaire se transforme ainsi en un enjeu de pouvoir : le gouvernement est-il encore capable de gérer la situation ?.
La crise structurelle : pourquoi les déficits ne disparaissent pas simplement
Dans son analyse, la Bundesbank détaille précisément les raisons de cette augmentation du déficit. Et c'est là que cela devient intéressant, car la Bundesbank indique clairement qu'il ne s'agit pas d'une faiblesse conjoncturelle qui disparaîtra avec la prochaine reprise économique. C'est une augmentation structurelle, c'est-à-dire permanente, des dépenses. C'est la différence cruciale que beaucoup d'observateurs négligent.
L'augmentation prévue du déficit découle de dépenses supplémentaires soutenues. La principale source est la hausse des prestations sociales. L'Allemagne contribue toujours plus au système de retraite. La population vieillit, le nombre de personnes actives diminue et le nombre de retraités augmente. Il s'agit d'un problème structurel inhérent qu'aucune réforme ne peut que ralentir, et non résoudre. À cela s'ajoutent les dépenses liées au revenu de base, qui, en 2025, atteignaient déjà environ 52 milliards d'euros par an, et même un peu plus de 42 milliards d'euros en incluant les coûts du logement et du chauffage. Cela représente un douzième du budget total. Si le gouvernement fédéral entend réduire ces prestations, il doit s'attendre à un mécontentement social massif. Friedrich Merz a précisément préconisé une réforme du revenu de base, mais même cette solution ne permettra pas de réaliser des économies rapides.
La deuxième source de financement est constituée par les paiements d'intérêts. La Bundesbank prévoit que ces paiements annuels passeront d'environ 30 milliards d'euros actuellement à près de 65 milliards d'euros d'ici 2029, soit un doublement. Chaque euro emprunté par l'État contribuera au service de la dette dans les années à venir. Il s'agit d'un processus purement mécanique : plus la nouvelle dette est importante, plus les paiements d'intérêts le seront également. Or, ces paiements d'intérêts réduisent les marges de manœuvre budgétaires disponibles pour d'autres priorités : les infrastructures, l'éducation, l'investissement. Ce n'est pas un problème économique abstrait, mais bien une question de redistribution entre les générations. Les générations futures paieront les intérêts de la dette contractée aujourd'hui.
La troisième source d'allégement de l'impôt sur le revenu réside dans les réductions d'impôt mises en œuvre par le gouvernement fédéral. Ces réductions visent à corriger l'effet de « glissement progressif » de l'impôt sur le revenu. Concrètement, les tranches d'imposition sont ajustées chaque année afin d'éviter que les salariés et les travailleurs indépendants ne soient automatiquement imposés à des tranches supérieures en raison de l'inflation. En 2025, l'abattement fiscal de base a été augmenté de 312 € pour atteindre 12 096 €, puis de 252 € supplémentaires en 2026. Les tranches d'imposition ont été décalées vers la droite de 2,6 % (2025) et de 2,0 % (2026), respectivement. Ce dispositif coûte au Trésor public environ 3,4 milliards d'euros par an. Bien que politiquement séduisante – qui ne souhaiterait pas que les salariés bénéficient réellement des augmentations de salaire liées à l'inflation ? –, cette mesure réduit néanmoins les recettes de l'État.
La quatrième source de dépenses est l'augmentation des transferts sociaux et des prestations sociales. Par le biais de la coalition, la CSU a fait adopter un élargissement de la pension de maternité, qui devrait entrer en vigueur dès le 1er janvier 2027. Il ne s'agit pas d'un simple ajustement réglementaire, mais d'une dépense importante et continue. De tels avantages sont politiquement difficiles à remettre en cause. Ils créent des attentes, des droits légaux et un électorat.
Dans le même temps, les recettes augmentent plus lentement que les dépenses. L'augmentation progressive des tranches d'imposition érode les recettes fiscales. Si l'État bénéficie de la hausse des cotisations sociales, cet effet ne compense que partiellement le manque à gagner. De plus, les prévisions de croissance économique pour 2025 sont de seulement 0,2 %, et pour 2026, selon les institutions, entre 0,6 % et 1,2 %. Cette faible croissance engendre de faibles recettes fiscales.
Malgré les avertissements répétés d'experts économiques comme Veronika Grimm, aucun programme d'austérité clair n'est mis en place. Le gouvernement allemand investit des milliards dans les infrastructures et la défense, misant sur une croissance plus forte, mais aucun plan d'austérité tangible ne permet de freiner la hausse structurelle des dépenses. C'est là le défaut fondamental relevé par la Bundesbank.
Le tournant décisif : que faire des 172 milliards d'euros ?
Un vide particulièrement critique subsiste dans le plan financier. Le gouvernement allemand s'est engagé à contracter une dette massive d'ici 2029. Pour la seule année 2026, cela représente plus de 180 milliards d'euros d'emprunts. Ce financement est rendu possible par l'assouplissement du moratoire sur la dette pour les dépenses de défense et la création d'un fonds spécial pour les infrastructures. Mais qu'adviendra-t-il ensuite ? Un déficit de financement de 172 milliards d'euros est prévu pour la période 2027-2029. C'est une somme colossale. Pour la seule année 2027, elle s'élève à environ 30 milliards d'euros et atteindra 60 milliards d'euros en 2028.
Comment ce déficit s'est-il creusé ? À l'été 2025, le gouvernement allemand a adopté un plan d'austérité, le programme d'investissement, prévoyant des allégements fiscaux pour les entreprises. Or, les Länder et les communes doivent être indemnisés pour ces pertes de recettes fiscales – une disposition approuvée par la coalition gouvernementale elle-même. Par ailleurs, de nouvelles prestations sociales ont été promises, notamment la retraite anticipée des mères. Il faut également tenir compte des intérêts sur la dette accrue. L'ensemble de ces éléments explique cet énorme déficit. La Bundesbank a conclu que le gouvernement fédéral dépasserait le plafond d'endettement à partir de 2028 et qu'aucune mesure concrète pour l'empêcher n'est actuellement envisagée.
Pour une banque centrale, il s'agit d'une critique inhabituellement directe. Le gouvernement allemand dépense des milliards sans expliquer comment il entend maîtriser le budget. Ce n'est pas qu'un simple constat financier ; c'est une question de crédibilité pour le gouvernement.
La Bundesbank prévoit que les dépenses supplémentaires pourraient stimuler la croissance économique de 1,3 point de pourcentage cumulé entre 2025 et 2028. Cependant, ces effets sont différés. Un projet d'infrastructure décidé en 2026 ne commencera à produire ses effets qu'en 2027 ou 2028. D'ici là, les déficits se seront déjà accumulés. Il est donc difficile pour le gouvernement Merz de gagner du temps. Les marges de manœuvre financières se réduisent plus vite que les nouvelles mesures de relance ne produisent leurs effets. Il s'agit d'un problème classique de calendrier macroéconomique, et il est pratiquement insoluble à moins d'une reprise économique bien plus vigoureuse que prévu.
La dimension constitutionnelle : la menace de Karlsruhe
Le conflit est donc inévitable. Soit le gouvernement corrige le tir dans les 12 à 18 prochains mois, en réduisant les dépenses ou en augmentant les recettes, soit il risque de voir, finalement, ce n'est pas la Bundesbank, mais la Cour constitutionnelle fédérale qui tranchera.
La Cour constitutionnelle fédérale s'est prononcée à plusieurs reprises sur le frein à l'endettement. L'arrêt le plus célèbre remonte à 2023, lorsqu'elle a réprimandé le gouvernement de coalition au pouvoir. Ce dernier n'avait pas utilisé les fonds d'aide liés à la COVID-19 en 2021, les réaffectant à un fonds spécial pour la protection du climat. La Cour a jugé que cela constituait une violation du frein à l'endettement. Un jugement relativement technique, mais d'une grande portée symbolique. La Cour constitutionnelle a ainsi clairement indiqué que le frein à l'endettement est non négociable et que son respect serait contrôlé.
Un développement juridique particulièrement notable est la possibilité, en théorie, pour tout citoyen, de déposer un recours constitutionnel relatif à la dette. Autrement dit, tout contribuable pourrait faire valoir que le gouvernement fédéral viole ses droits constitutionnels par des agissements liés à la dette – notamment ses droits à la démocratie et à la liberté future. La Cour constitutionnelle fédérale n'a pas encore explicitement exclu cette possibilité. C'est une arme qui n'a pas encore été utilisée, mais qui existe.
En substance, la Bundesbank déclare : « Nous vous alertons publiquement afin que chacun comprenne que le gouvernement fédéral lui-même commence à perdre le contrôle. Si la Cour constitutionnelle fédérale devait intervenir en 2027 ou 2028, cela serait désastreux pour la légitimité politique du gouvernement fédéral. Le chancelier Merz ne serait alors plus l'artisan de la politique, mais plutôt un réformateur en situation d'urgence. ».
Le pari sur la croissance : un jeu risqué à l'issue incertaine
Certes, le gouvernement allemand poursuit délibérément une stratégie de croissance. Friedrich Merz a clairement exposé sa position lors du débat général sur le budget en septembre 2025. Il a expliqué que le gouvernement accepte consciemment des dépenses plus élevées afin de restaurer la capacité d'action de l'Allemagne. Cela inclut les dépenses liées à la défense, aux infrastructures et au soutien économique. Il s'agit d'une décision stratégique. Merz affirme : « Si nous investissons, si nous renforçons les forces armées, si nous apportons un soutien aux entreprises, alors ces investissements seront rentables. L'économie connaîtra alors une croissance plus forte. Nous pourrons alors rembourser la dette. ».
Ce n'est pas fondamentalement faux. La logique économique est convaincante : lorsque l'État investit dans les infrastructures, ces investissements peuvent générer ultérieurement des recettes fiscales. Une voiture circulant sur une autoroute neuve consomme moins de temps et d'énergie, ce qui accroît la productivité. Une entreprise bénéficiant d'une meilleure alimentation électrique est plus productive. Un budget de défense qui rend l'Allemagne moins dépendante pourrait atténuer les risques géopolitiques. Théoriquement plausible.
Mais, empiriquement, cette stratégie s'avère peu efficace. L'institut ifo prévoit que les investissements publics ne contribueront à la croissance qu'à hauteur d'environ 0,3 point de pourcentage en 2026 et d'environ 0,7 point en 2027. C'est nettement inférieur aux espoirs des partisans d'un effet multiplicateur positif. La Bundesbank, quant à elle, se montre plus sceptique et anticipe une croissance supplémentaire de seulement 0,8 point en 2026 et de 0,4 point en 2027. Autrement dit, l'État dépense des centaines de milliards pour un retour sur investissement économique très limité. Il s'agit donc d'un scénario de faible rentabilité.
De plus, l'Allemagne est une société vieillissante confrontée à une pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Même si les infrastructures s'améliorent, le nombre de travailleurs nécessaires pour les exploiter sera insuffisant. Sans une immigration massive de professionnels qualifiés et sans réformes éducatives, les capitaux supplémentaires ne se traduiront pas par une hausse de la productivité. Ils se convertiront simplement en augmentation des salaires, alimentant l'inflation et incitant la banque centrale à relever les taux d'intérêt. C'est le scénario de stagflation que redoutent de nombreux économistes.
Friedrich Merz fait donc un pari classique sur la croissance. Aux États-Unis, sous Donald Trump, cette stratégie fonctionne actuellement : la croissance est relativement rapide, le pays finance des dépenses de défense massives et l’inflation reste modérée. Mais la situation structurelle de l’Allemagne est différente. Le marché du travail est tendu, la productivité stagne et les exportations sont sous pression. On est loin des États-Unis. On est plutôt face à une Europe en crise.
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La Bundesbank tire la sonnette d'alarme : l'Allemagne se dirige-t-elle sciemment vers une crise constitutionnelle ?
Malaise social : qui en paie le prix ?
La Bundesbank critique également, de manière implicite, le refus du gouvernement de mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires pour réduire durablement les déficits. Merz s'est clairement opposé à toute hausse d'impôts. L'accord de coalition l'y oblige. Mais sans hausse d'impôts, il ne reste qu'une seule option : réduire les dépenses sociales.
Le gouvernement allemand prévoit de contracter 98 milliards d'euros de nouvelles dettes dans son budget de base pour 2026, un montant record. Ces dettes supplémentaires proviendront de fonds spéciaux alloués à la défense et aux infrastructures. Au total, plus de 180 milliards d'euros de nouvelles dettes seront contractées, soit près d'un tiers du budget fédéral total de 524,5 milliards d'euros. Un euro sur trois est donc consacré à la dette.
Le prix à payer sera celui des intérêts et des futures mesures d'austérité. Si les intérêts passent de 30 milliards d'euros à 65 milliards d'euros en 2029, cela représente 35 milliards d'euros par an qui ne pourront plus être consacrés aux programmes sociaux, à l'éducation ou aux infrastructures. Ces intérêts sont inévitables ; il faut les payer.
Le gouvernement a annoncé un plan d'austérité. Le ministre des Finances, Lars Klingbeil, a déjà préparé ses partenaires de coalition à des temps difficiles. Nombre des promesses faites dans l'accord de coalition ont peu de chances d'être tenues. Cela inclut des coupes dans les prestations sociales, et potentiellement la suppression de subventions et de programmes de financement. La réforme du revenu de base constitue un premier pas. Mais si le déficit de financement atteint 172 milliards d'euros, des coupes encore plus importantes seront nécessaires.
Cela engendre des conflits politiques. Le SPD, membre de la coalition, refuse de réduire drastiquement l'État-providence. Le ministre des Finances, Klingbeil, a contredit la ministre du Travail, Bärbel Bas, qui rejette les coupes budgétaires massives. Les syndicats et les organisations caritatives – acteurs influents opposés à de telles mesures – sont également présents. Friedrich Merz pourrait se trouver face à un dilemme : soit il assume ses responsabilités budgétaires et met en œuvre des coupes sociales importantes, soit il ignore le frein à l'endettement et risque un recours devant la Cour constitutionnelle fédérale.
Convient à:
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La manœuvre politique : la question du pouvoir
Avec cet avertissement sans équivoque, publié juste avant Noël, la Bundesbank signale un enjeu crucial. Les conflits de politique budgétaire de l'année à venir ont déjà commencé. 2026 ne sera pas l'année où l'on discutera de la dette. 2026 sera l'année où l'on décidera qui, en définitive, fera appliquer les règles budgétaires en Allemagne.
Trois scénarios sont envisageables. Le premier : le gouvernement fédéral procède à des corrections opportunes. Il adopte un ambitieux plan d’austérité, augmente les impôts si nécessaire (contrairement à l’accord de coalition) et met en œuvre des réformes plus radicales des prestations sociales. Il parvient à ne pas dépasser le plafond de la dette en 2028. Cela engendrerait d’importants conflits politiques internes, mais d’un point de vue constitutionnel, c’est la solution la plus judicieuse.
Deuxième scénario : le gouvernement fédéral s’en sort tant bien que mal. Il décide de mesures d’austérité mineures, une hausse d’impôt qualifiée d’« exceptionnelle ». Il ne parvient pas tout à fait à respecter le plafond de la dette, le dépassant de 0,2 ou 0,3 point de pourcentage. Il espère que cette situation sera politiquement tolérée ou que la Cour constitutionnelle fera preuve d’indulgence. C’est le scénario le plus probable.
Troisième scénario : la Cour constitutionnelle fédérale intervient. En 2027 ou 2028, Karlsruhe réprimande le gouvernement fédéral ou déclare certaines parties du budget inconstitutionnelles. Merz est contraint de geler les fonds budgétaires, et les conséquences politiques sont considérables. C’est le pire scénario pour la légitimité du gouvernement Merz.
La Bundesbank signale que l'ère de la liberté de décision est révolue. Désormais, chaque option a un prix : conflit social par le biais de mesures d'austérité, conflit constitutionnel par le non-respect du moratoire sur la dette, ou préjudice politique par des corrections monétaires. C'est une question de pouvoir, car elle touche à la capacité d'un État démocratique à se gouverner.
Le contexte international et la critique du scepticisme
Cependant, la position de la Bundesbank fait également l'objet de critiques légitimes. Certains économistes affirment que le frein à la dette lui-même pose problème. Il limite artificiellement la capacité d'action de l'État. Si l'État ne peut investir en période de crise, il s'autodétruit. Les États-Unis, qui ne disposent pas d'un frein à la dette aussi strict, peuvent investir massivement. L'Allemagne pourrait également, selon ces arguments, se doter d'un frein à la dette « réformé » qui dissocie les investissements des dépenses courantes.
En réalité, la Bundesbank a elle-même présenté une proposition de réforme en trois étapes. La première, qui s'étend jusqu'en 2029, maintient les limites actuelles. La deuxième, de 2029 à 2036, prévoit une réduction progressive du déficit. La troisième, à partir de 2036, instaurerait une réglementation légèrement assouplie afin d'encourager l'investissement. Mais cette proposition suscite la controverse. Ses détracteurs la considèrent comme une simple « manipulation des chiffres » qui, en fin de compte, empêche la réduction du niveau d'endettement.
La principale question qui se pose alors est la suivante : ne vaudrait-il pas mieux réformer en profondeur le mécanisme de frein à l’endettement et ainsi bénéficier d’une plus grande flexibilité budgétaire ? L’Allemagne a de nombreux investissements à réaliser : infrastructures, numérisation, transition énergétique, défense. Un frein à l’endettement qui bloque tous ces investissements pourrait, à terme, nuire davantage à l’Allemagne que la dette elle-même.
Il s'agit là d'un véritable argument économique, et il est loin d'être anodin. Mais la Bundesbank affirme en substance : c'est une décision politique, et non technique. Si l'Allemagne souhaite réformer le frein à l'endettement, elle doit le faire de manière délibérée et transparente, avec une majorité des deux tiers au Bundestag et au Bundesrat. Elle ne peut se contenter de s'endetter et espérer que la situation évoluera favorablement par la suite.
La Bundesbank ne critique donc pas en premier lieu l'emprunt en lui-même. Elle critique le fait que le gouvernement crée délibérément une situation où il outrepasse les limites constitutionnelles sans aucune transparence. C'est une distinction essentielle.
Le calme avant la tempête : pourquoi 2026 est cruciale
La Bundesbank a lancé son avertissement dès maintenant, fin 2025. Il s'agit d'une manœuvre stratégique. 2026 sera une année cruciale pour les négociations. Le gouvernement devra préparer un nouveau budget pour 2027 et mettre en œuvre des mesures d'austérité. Le SPD protestera contre les coupes dans les prestations sociales. Le monde des affaires espérera une reprise économique. La Cour constitutionnelle fédérale est prête à intervenir en cas de violation de la Constitution. Et la Bundesbank a publiquement reconnu la gravité de la situation.
Dans ce contexte, l'avertissement de la Bundesbank n'est pas une simple prévision technique. C'est un appel à la transparence. Il signifie : nous voyons vos intentions. Nous constatons que vous n'avez aucune réponse. Et nous vous le ferons savoir si la Constitution est violée.
Voilà le type de contrôle institutionnel qui fonctionne dans une démocratie constitutionnelle. Non pas par la force ou l'ordre direct, mais par la transparence, la critique publique et la définition claire des limites. La Bundesbank ne peut empêcher l'État de s'endetter. Mais elle peut faire savoir publiquement qu'il s'agit d'une question constitutionnelle.
Friedrich Merz le comprendra. C'est un homme politique avisé qui connaît les limites de son pouvoir. Lorsque la Bundesbank annonce que le seuil de la dette sera dépassé en 2028, il ne s'agit pas d'une simple prédiction, mais d'une menace de mise à mal de l'ordre constitutionnel. Cela influencera les négociations sur les mesures d'austérité.
La crise plus profonde : faiblesse structurelle de la croissance
Mais il y a un enjeu plus profond. La Bundesbank ne se contente pas d'alerter sur les déficits. Elle met également en garde contre la faiblesse structurelle de la croissance. La croissance allemande est trop faible : 0,2 % en 2025, entre 0,6 et 1,2 % en 2026. Ce n'est pas le rythme d'un pays riche qui façonne son avenir. C'est le rythme d'un pays en pleine mutation structurelle, qui perd en compétitivité.
Pourquoi ? Il y a vingt ans, l'Allemagne bénéficiait d'avantages concurrentiels à l'échelle mondiale. Elle excellait dans la construction mécanique, l'automobile et la chimie. Mais la mutation structurelle vers les véhicules électriques, la numérisation, l'automatisation et la neutralité climatique a submergé le pays. Les entreprises établies sont trop lentes. L'écosystème des start-ups est faible. La bureaucratie est un frein. Les infrastructures se dégradent. Et le système éducatif ne forme pas suffisamment de talents.
On ne peut pas résoudre ce problème par un endettement accru. Des réformes structurelles sont nécessaires : déréglementation, accélération des procédures d’autorisation, amélioration du système scolaire et universitaire, et immigration de travailleurs qualifiés. Merz a reconnu la nécessité de ces réformes. D’où les investissements dans les infrastructures, les budgets de la défense (pour éviter la dépendance vis-à-vis des États-Unis) et les allégements fiscaux pour les entreprises.
Mais cela aussi prendra du temps. Un projet d'infrastructure approuvé en 2026 ne contribuera à la création de valeur qu'en 2030 ou 2031. Entre-temps, il faut rembourser les dettes. Les charges d'intérêts augmentent. Et si les réformes ne sont pas mises en œuvre assez rapidement, la faible croissance se transformera en crise chronique.
La Bundesbank met donc indirectement en garde contre une impasse. On ne peut compenser les faiblesses structurelles de la croissance par un endettement toujours plus important. À un moment donné, la dette atteint ses limites. L'économie elle-même doit alors croître. Et cela exige non seulement de l'argent, mais aussi des changements structurels.
La crise décisionnelle de 2026
Le rapport mensuel de décembre de la Bundesbank est donc bien plus qu'un simple rapport économique. C'est une prise de position politique. La Bundesbank affirme : désormais, il n'y aura plus de décisions sans conséquences. Chaque euro supplémentaire dépensé par l'État aggravera la crise budgétaire entre 2027 et 2029. Chaque euro non dépensé nuira à l'économie. C'est un dilemme classique, sans solution facile.
Que nous réserve l'année 2026 ? Le gouvernement cherchera vraisemblablement la facilité. Il annulera ou reportera certains de ses engagements. Il tentera de présenter des mesures d'austérité mineures comme des réformes majeures. Il espérera une reprise économique plus vigoureuse que prévu. Enfin, il reportera les conflits de politique budgétaire à l'été 2026, date à laquelle un nouveau budget sera négocié.
Mais la Bundesbank a publiquement admis que cette stratégie est inefficace. On ne peut pas simplement s'endetter et espérer que le temps arrangera tout. Tôt ou tard, il faudra bien payer la facture. Soit immédiatement par des mesures d'austérité et des réformes, soit plus tard par des conflits constitutionnels et des crises politiques.
Friedrich Merz se trouve dans une situation délicate. Il a pris la tête du gouvernement fédéral avec l'intention de moderniser l'Allemagne. Mais le ratio dette/PIB, le poids des intérêts, la faiblesse structurelle de la croissance – autant de problèmes qu'on ne peut ignorer. La Bundesbank n'émet pas ces avertissements par malveillance. Elle le fait car elle a pris conscience des limites de la soutenabilité budgétaire.
L’année 2026 nous dira si le gouvernement Merz a une réponse à cet avertissement. Dans le cas contraire, les années 2027 et 2028 seront tumultueuses. Il ne s’agit pas d’alarmisme, mais d’une analyse lucide des réalités constitutionnelles et budgétaires.
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