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La folie du commerce européen : pourquoi les entreprises allemandes sont souvent confrontées à des obstacles plus importants que lorsqu'elles exportent à l'étranger

La folie du commerce européen : pourquoi les entreprises allemandes sont souvent confrontées à des obstacles plus importants que lorsqu'elles exportent à l'étranger

La folie du commerce européen : pourquoi les entreprises allemandes rencontrent-elles souvent des obstacles plus importants que lorsqu’elles exportent à l’étranger ? – Image : Xpert.Digital

Piège des coûts cachés de l'UE : ce « tarif intérieur » coûte à l'Allemagne 146 milliards d'euros par an

### « Les chevaux se sont enfuis » : Comment la bureaucratie bruxelloise étrangle le commerce allemand ### Un labyrinthe au lieu d'un marché libre : les entreprises allemandes fuient la bureaucratie européenne ### Une règle supprimée, cinq nouvelles ajoutées : La vérité choquante sur la frénésie réglementaire de l'UE ###

La réalité paradoxale du marché intérieur européen

Comment est-il possible que les entreprises allemandes rencontrent parfois moins d'obstacles lorsqu'elles exportent vers les États-Unis ou d'autres pays tiers que lorsqu'elles commercent avec leurs voisins européens ? Cette situation apparemment absurde n'est en aucun cas un incident isolé, mais reflète plutôt un problème systémique du marché intérieur de l'UE, qui, après plus de trente ans d'existence, est encore loin d'être résolu.

Le marché unique européen, initialement conçu comme le cœur de l'intégration européenne, se transforme de plus en plus en un labyrinthe bureaucratique. Si les barrières douanières entre les États membres de l'UE ont depuis longtemps été abolies, de nouvelles barrières commerciales, souvent plus subtiles, sont apparues, sous la forme d'un réseau de réglementations nationales spécifiques, de mises en œuvre divergentes des directives européennes et d'une bureaucratie excessive. Il en résulte un paradoxe : un marché unique théoriquement libre qui, en pratique, pose souvent plus de problèmes aux exportateurs allemands qu'aux échanges commerciaux avec les pays tiers.

Convient à:

Quelle est la gravité des barrières commerciales au sein de l’UE ?

L'ampleur du problème est clairement illustrée par des études récentes du Fonds monétaire international. Selon ces études, les exigences, normes et obligations de déclaration en vigueur au sein de l'UE correspondent à un droit de douane interne de 44 % sur les produits industriels. Pour les services, ces barrières commerciales cachées atteignent même 110 %. Ces chiffres montrent que les barrières commerciales intra-UE sont désormais trois fois supérieures aux droits de douane de 20 % sur les importations européennes imposés par le président américain Trump.

Cette situation devient particulièrement dramatique si l'on considère l'évolution au fil du temps. Alors que les coûts des échanges de services au sein de l'UE ont diminué d'environ 11 % depuis le milieu des années 1990, les barrières aux importations en provenance de pays tiers ont diminué de 16 %. Cette évolution a rendu les importations vers l'UE de plus en plus attractives par rapport aux échanges entre États membres. Le Fonds monétaire international a calculé que ces barrières bureaucratiques coûtent à l'Allemagne jusqu'à 146 milliards d'euros de production économique par an.

Quels problèmes spécifiques se posent lorsque des travailleurs sont détachés à l’étranger ?

Le détachement de travailleurs est un exemple particulièrement frappant des problèmes du marché intérieur fragmenté de l'UE. Il illustre clairement comment une réglementation européenne bien intentionnée peut se transformer en cauchemar bureaucratique en raison de ses différentes mises en œuvre nationales. Les entreprises allemandes souhaitant détacher des salariés dans d'autres pays de l'UE sont confrontées à un dédale de portails d'enregistrement, à des procédures numériques incohérentes et à des calculs de salaire minimum divergents.

La complexité de la situation est illustrée par un exemple tiré de la pratique de la DIHK : une entreprise de construction mécanique de taille moyenne qui installe, entretient et répare ses machines dans toute l'UE doit soumettre environ 3 500 déclarations de détachement par an pour le détachement de ses salariés. Cette lourdeur bureaucratique conduit 55 % des entreprises à se plaindre du manque de transparence de la législation, 52 % à signaler des difficultés d'accès aux marchés publics et 50 % à considérer les exigences locales de certification comme un problème.

Les conséquences de ces obstacles bureaucratiques sont dramatiques : 83 % des entreprises signalent des difficultés liées aux obstacles bureaucratiques et aux incertitudes dans la mise en œuvre de réglementations telles que la loi sur le devoir de vigilance à l'égard de la chaîne d'approvisionnement, les exigences de la directive sur les emballages et le programme d'ajustement carbone aux frontières de l'UE. De ce fait, de nombreuses entreprises envisagent même de se retirer de certains États membres de l'UE ou de renoncer totalement à exporter vers certains pays européens.

En quoi la mise en œuvre nationale des directives européennes diffère-t-elle ?

Un problème central du marché intérieur de l'UE réside dans la mise en œuvre variable des directives européennes au niveau national. Si les règlements sont directement applicables dans tous les États membres de l'UE, les directives doivent être transposées en droit national par chaque pays. Cette flexibilité, initialement conçue comme un atout du système juridique européen, devient de plus en plus un obstacle au libre-échange.

Le problème est particulièrement évident en matière de libre prestation de services. Bien que celle-ci soit inscrite parmi les quatre libertés fondamentales de l'UE, les divergences entre les réglementations nationales entraînent d'importantes distorsions de concurrence. Les exportateurs allemands font état d'obstacles bureaucratiques disproportionnés et parfois contraignants dans d'autres États membres de l'UE. Les entreprises sont souvent confrontées à des portails administratifs qui ne fonctionnent pas en anglais, mais uniquement dans la langue nationale concernée.

L'application divergente du droit de l'UE conduit à une situation où les entreprises allemandes doivent satisfaire à des exigences totalement différentes pour un même produit ou service dans différents pays de l'UE. Cela est fondamentalement contraire à l'idée fondamentale du marché intérieur et engendre des coûts souvent plus élevés que pour les échanges avec des pays tiers, où des règles au moins uniformes et prévisibles s'appliquent.

Quel rôle joue la bureaucratie excessive de l’UE ?

La charge bureaucratique dans l'UE a considérablement augmenté ces dernières années. Au lieu du principe promis « un entré, un sorti », selon lequel chaque nouvelle réglementation serait abrogée, une autre le serait également, de plus en plus de réglementations sont créées. En 2021, 1,5 nouvelle loi a été ajoutée au niveau de l'UE pour une loi abrogée ; en 2022, ce ratio avait déjà atteint 1 pour 3,5 ; et en juin 2024, cinq nouvelles lois ont été ajoutées pour une loi abrogée.

Ce déluge de réglementations touche tous les secteurs de l'économie. Le règlement européen sur les produits chimiques « REACH » complexifie les procédures d'approbation, et le règlement sur les dispositifs médicaux menace d'imposer des exigences de documentation croissantes, même pour les produits standards tels que les pipettes jetables, dont des millions d'exemplaires ont déjà été fabriqués depuis 20 ans. La taxonomie européenne et les rapports de développement durable s'accompagnent d'exigences bureaucratiques supplémentaires, particulièrement contraignantes pour les petites et moyennes entreprises.

Le chancelier Olaf Scholz a résumé le problème en décrivant la réglementation européenne comme l'un des plus gros problèmes de l'économie allemande et en critiquant le fait que certaines réglementations du marché unique étaient devenues « insensées ». Il a cité à titre d'exemple les 1 500 points de reporting sur la durabilité imposés par l'UE.

Pourquoi les exportations vers des pays tiers sont-elles souvent plus faciles ?

Paradoxalement, les exportateurs allemands trouvent souvent les échanges avec les pays extérieurs à l'UE moins compliqués que les échanges intra-européens. Cela s'explique par plusieurs facteurs structurels qui rendent les échanges avec les pays tiers plus transparents et prévisibles.

Lors des exportations vers des pays tiers, une réglementation uniforme s'applique à l'échelle de l'UE. Bien que complexe, la procédure d'exportation en deux étapes est standardisée et prévisible. Les entreprises allemandes savent précisément quels documents sont nécessaires, quelles procédures douanières doivent être respectées et quels traitements préférentiels sont disponibles. Cette clarté et cette uniformité contrastent fortement avec les 27 réglementations nationales différentes au sein de l'UE.

En outre, de nombreux pays tiers ont simplifié et numérisé leurs réglementations d'importation et leurs procédures douanières au cours des dernières décennies afin d'attirer les investissements étrangers. La Chine, les États-Unis et d'autres grandes économies proposent souvent des points de contact uniformes et centralisés pour les importateurs, tandis que les entreprises allemandes implantées dans l'UE sont confrontées à des autorités, des portails et des procédures nationaux différents.

Quel impact cela a-t-il sur les entreprises allemandes ?

Les conséquences des barrières commerciales intra-UE pour les entreprises allemandes sont dramatiques et complexes. Plus de la moitié des entreprises opérant à l'étranger (58 %) signalent des barrières commerciales supplémentaires au cours des douze derniers mois. Les exigences locales de certification (59 %) et le renforcement des réglementations de sécurité (45 %), en particulier, compliquent la planification et augmentent les coûts.

Les lourdeurs administratives entraînent des décisions d'investissement concrètes : 56,4 % des entreprises ont déclaré avoir annulé des investissements prévus au cours des deux dernières années en raison d'obstacles bureaucratiques. Ce chiffre atteint 65 % pour les entreprises se plaignant de la bureaucratie liée aux réglementations de la chaîne d'approvisionnement. Plus grave encore, 23,6 % des entreprises concernées ont délocalisé des projets à l'étranger.

La Chambre de commerce et d'industrie allemande signale que les entreprises allemandes « déclarent parfois même des obstacles bureaucratiques disproportionnés, voire harcelants ». Cette situation incite certaines entreprises à envisager de se retirer de certains États membres de l'UE ou de renoncer à exporter leurs produits vers certains pays européens.

Comment évoluent les relations avec les autres régions du monde ?

Alors que les barrières commerciales internes à l'UE se multiplient, les relations commerciales avec les autres régions du monde évoluent différemment. Il convient de noter en particulier le développement des échanges avec les États-Unis, traditionnellement considérés comme plus complexes que les échanges intra-européens.

Malgré les droits de douane et les restrictions commerciales instaurés par le président américain Trump, les États-Unis demeurent le principal marché d'exportation de l'Allemagne hors UE. L'Allemagne a exporté des marchandises vers les États-Unis pour une valeur de 158 milliards d'euros en 2024, enregistrant un excédent commercial de 17,7 milliards d'euros au premier trimestre 2025. Ce succès est d'autant plus remarquable que les entreprises allemandes sont confrontées à des droits de douane clairs, quoique élevés, aux États-Unis, tandis qu'elles doivent composer, dans l'UE, avec un réseau complexe de réglementations nationales spécifiques.

Les relations commerciales avec la Chine connaissent également une évolution intéressante. Bien que les entreprises allemandes présentes en Chine citent l'exigence de contenu local comme un obstacle (44 % des répondants), la réglementation y est transparente et prévisible. Les exportateurs allemands savent à quoi s'attendre et peuvent adapter leurs stratégies commerciales en conséquence.

Quelles solutions existe-t-il au problème de la bureaucratie de l’UE ?

Face à la situation dramatique, les associations professionnelles et les responsables politiques ont élaboré diverses solutions. La Chambre de commerce et d'industrie allemande a présenté plus de 50 propositions concrètes pour réduire la bureaucratie européenne actuelle et en prévenir l'apparition. Ces propositions comprennent à la fois des mesures d'allègement à court terme et des réformes structurelles du processus législatif européen.

Parmi les revendications les plus importantes figurent l'harmonisation du détachement des travailleurs au sein de l'UE, une mise en œuvre uniforme de la directive sur les emballages et la simplification des procédures d'approbation du règlement européen sur les produits chimiques « REACH ». Parallèlement, les associations professionnelles appellent à une réorientation fondamentale de la législation européenne, fondée sur le principe de « l'efficacité et la simplification plutôt que la réglementation ».

Une approche prometteuse consiste à renforcer les portails en ligne centraux qui fournissent des informations complètes et facilement accessibles pour les échanges commerciaux au sein du marché unique. La simplification des processus bureaucratiques et la réduction des exigences de déclaration semblent tout aussi importantes. La Commission européenne a déjà lancé une initiative visant à réduire les exigences de déclaration existantes, mais parallèlement, de nouvelles obligations sont constamment imposées aux entreprises.

 

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27 systèmes, un problème : pourquoi les normes pour la construction, l'ingénierie mécanique et l'ingénierie électrique sont en retard

Quel rôle joue la numérisation dans la résolution des problèmes ?

La numérisation offre un potentiel considérable de simplification du marché intérieur de l'UE, mais elle a jusqu'à présent été insuffisamment exploitée. L'un des principaux problèmes réside dans le fait que chaque État membre a développé ses propres systèmes et portails numériques, sans se soucier de la compatibilité ni de l'uniformité des normes.

Concernant le détachement de travailleurs, la Commission européenne travaille à la mise en place d'une interface publique commune pour les déclarations de détachement (déclaration électronique). Ce système pourrait réduire considérablement la charge administrative des entreprises. Il est toutefois essentiel que la participation des États membres soit volontaire. Sans obligation d'utilisation du portail à l'échelle de l'UE, le potentiel d'une plateforme uniforme ne peut apporter qu'un soulagement limité aux entreprises.

La numérisation des procédures administratives pourrait également apporter des améliorations significatives dans d'autres domaines. Des procédures de certification numérique uniformes, des systèmes de reporting compatibles avec les normes internationales et des contrôles de conformité automatisés pourraient réduire considérablement les coûts pour les entreprises. Cependant, jusqu'à présent, il n'existe aucune volonté politique de renoncer à la souveraineté nationale au profit de l'efficacité européenne.

Convient à:

Comment les problèmes affectent-ils les petites et moyennes entreprises ?

Les petites et moyennes entreprises (PME) sont particulièrement touchées par les barrières commerciales intra-UE. Elles manquent souvent de ressources pour gérer des procédures bureaucratiques complexes dans 27 États membres différents ou pour créer des services juridiques et de conformité spécialisés.

L'enquête d'Eurochambres montre que les petites et moyennes entreprises sont confrontées à des défis particuliers. Elles sont touchées de manière disproportionnée par une législation opaque, des portails de reporting disparates et des processus numériques incohérents. Si les grandes entreprises peuvent souvent maintenir des équipes de conformité dédiées pour chaque marché majeur, les PME doivent gérer cette complexité avec des ressources limitées.

Il en résulte une concentration croissante des échanges intra-européens sur les grandes entreprises, tandis que les plus petites sont exclues du marché unique de l'UE. Cette situation est fondamentalement contraire à l'idéal européen d'une économie de marché ouverte et équitable. Des études de l'Institut Ifo montrent que la réduction des barrières commerciales au sein du marché unique de l'UE offre un potentiel considérable, notamment pour les petites et moyennes entreprises.

Quels secteurs sont particulièrement touchés ?

L'impact des barrières commerciales intra-UE varie considérablement selon les secteurs. Les secteurs qui dépendent de services transfrontaliers ou fabriquent des produits techniques complexes sont particulièrement touchés.

Le secteur de la construction est particulièrement touché par les différences entre les réglementations nationales en matière de construction et les exigences de certification. Les architectes et les ingénieurs doivent fournir des certificats de qualification différents et se conformer à des directives d'urbanisme différentes dans chaque pays de l'UE. La Chambre fédérale allemande des architectes a souligné à plusieurs reprises qu'une déréglementation excessive n'est pas la bonne approche, mais qu'une harmonisation appropriée des qualifications professionnelles est nécessaire.

Si les industries de la construction mécanique et de l'électrotechnique bénéficient généralement d'un marché européen commun, elles souffrent de normes de sécurité et de procédures de certification divergentes. Les calculs de Deloitte montrent que ces secteurs en particulier bénéficieraient de la suppression des barrières commerciales intra-UE. Les exportations industrielles allemandes vers les marchés européens pourraient connaître une croissance nettement supérieure, voire doubler dans certains pays, si les barrières commerciales existantes étaient supprimées.

Quelles initiatives politiques existent pour améliorer la situation ?

Le problème des barrières commerciales intra-UE a désormais atteint le plus haut niveau politique. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté une nouvelle stratégie pour le marché unique qui met l'accent sur la réduction de la bureaucratie et l'amélioration de l'application du marché unique.

Le gouvernement fédéral allemand a également reconnu la nécessité d'agir. Lors de la Journée des employeurs allemands, le chancelier Scholz a appelé à « réduire enfin la bureaucratie, et à grande échelle », et a annoncé qu'il s'attaquerait à la controversée loi sur le devoir de vigilance en matière de chaîne d'approvisionnement avant fin 2024. La ministre fédérale de l'Économie, Katherina Reiche (CDU), a dénoncé les milliards de pertes causées par la bureaucratie bruxelloise et a appelé à une réforme fondamentale de la réglementation européenne.

Au niveau de l'UE, la Commission travaille sur un ensemble de mesures visant à simplifier diverses directives existantes. Avec ce paquet législatif, la Commission européenne vise à réduire les coûts administratifs annuels des entreprises de 400 millions d'euros. Les critiques, cependant, affirment que ce montant n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan, compte tenu de la charge annuelle totale de 65 milliards d'euros.

À quoi pourrait ressembler une réforme réussie du marché intérieur de l’UE ?

Une réforme réussie du marché intérieur de l'UE doit être mise en œuvre à plusieurs niveaux. Premièrement, une réorientation fondamentale de la législation européenne est nécessaire. Le principe « un entrant, un sortant » doit être véritablement appliqué et garanti par des mécanismes de contrôle efficaces.

Un élément central d'une réforme serait l'harmonisation complète des processus commerciaux clés. Au lieu de 27 réglementations nationales différentes concernant le détachement de travailleurs, la certification des produits ou les normes environnementales, il faudrait créer des normes européennes uniformes. Celles-ci ne doivent pas nécessairement se fonder sur le plus petit dénominateur commun, mais peuvent certainement garantir des normes de protection élevées, à condition d'être uniformes et transparentes.

La numérisation doit être utilisée comme un moteur de simplification. Une véritable stratégie pour un marché unique numérique créerait des portails européens uniformes pour tous les processus commerciaux clés. Les entreprises devraient avoir accès à toutes les informations et procédures pertinentes dans les 27 États membres via une plateforme centralisée.

Parallèlement, le principe de subsidiarité doit être renforcé. Tous les domaines de la vie économique ne requièrent pas une réglementation européenne. Les domaines qui peuvent être mieux réglementés au niveau national ou régional devraient y rester. Cela permettrait de se concentrer sur les domaines véritablement essentiels au bon fonctionnement du marché intérieur.

Quelles opportunités découlent d’une réforme réussie ?

Le potentiel de réussite d'une réforme du marché intérieur de l'UE est énorme. Des études de l'Institut Ifo montrent qu'une réduction globale des obstacles au sein du marché intérieur des services de l'UE augmenterait durablement la valeur ajoutée brute de 2,3 %, soit 353 milliards d'euros. En Allemagne, la production économique augmenterait durablement de 1,8 %, soit environ 68 milliards d'euros, à long terme.

Le potentiel des exportations allemandes vers les marchés européens est particulièrement impressionnant. Les calculs de Deloitte montrent que les exportations industrielles allemandes vers la France, premier marché européen, pourraient croître en moyenne de 3,9 % par an jusqu'en 2035 si les barrières commerciales internes à l'UE étaient totalement supprimées. Sans la déréglementation européenne, ce taux ne serait que de 2,7 %. Aux Pays-Bas et en Italie, la croissance des ventes pourrait atteindre respectivement 5,2 et 4 %, contre 2,9 et 1,8 % sans réduction des formalités administratives.

Ces chiffres démontrent que le marché européen a le potentiel de largement compenser la baisse des exportations vers d'autres régions du monde. Face à l'escalade des conflits commerciaux avec les États-Unis et à la concurrence croissante de l'Asie, une réforme du marché intérieur de l'UE pourrait ouvrir de nouvelles perspectives de croissance aux entreprises allemandes à proximité.

Quels obstacles se dressent sur la voie de la réforme ?

Malgré les avantages évidents de la réforme du marché intérieur de l'UE, d'importants obstacles politiques et structurels se dressent sur sa route. Le principal problème réside dans la souveraineté nationale des États membres, qui hésitent à céder leurs pouvoirs à Bruxelles.

Toute harmonisation des normes européennes signifie que les États membres perdent la possibilité de prendre en compte leurs spécificités nationales. L'Allemagne, par exemple, a traditionnellement maintenu des normes environnementales et de santé et sécurité au travail très élevées, qu'elle ne souhaite pas abandonner au profit d'une moyenne européenne. D'autres pays, quant à eux, craignent que les normes européennes ne nuisent à leur compétitivité.

Un autre obstacle réside dans les structures administratives établies. Les autorités nationales, qui ont développé leurs propres procédures et systèmes au fil des décennies, sont souvent réticentes à les abandonner au profit de solutions européennes. Cela concerne tant les administrations elles-mêmes que les acteurs qui leur sont associés, des cabinets d'avocats aux cabinets de conseil, qui profitent de la complexité du système.

En fin de compte, la volonté politique manque souvent pour des réformes impopulaires. Si la réduction de la bureaucratie paraît judicieuse, elle implique également la perte d'emplois administratifs et l'abandon de valeurs nationales chères. Les responsables politiques hésitent à prendre de telles décisions, d'autant plus que les bénéfices n'apparaissent souvent qu'à long terme, tandis que les coûts sont immédiats.

Comment les entreprises évaluent-elles les efforts de réforme actuels ?

L'évaluation des entreprises allemandes concernant les réformes actuelles de l'UE est mitigée. Si elles saluent l'orientation générale des mesures annoncées par la Commission européenne, de nombreuses entreprises critiquent le manque de rythme et la portée limitée des réformes.

95 % des entreprises interrogées dans le cadre du baromètre des affaires DIHK pour les élections européennes de 2024 confirment que la bureaucratie freine l'économie allemande. Elles considèrent la réduction de la bureaucratie comme une priorité absolue pour accroître la compétitivité de l'Europe en tant que site économique. Cependant, les mesures annoncées jusqu'à présent sont jugées insuffisantes.

Kirsten Schoder-Steinmüller, vice-présidente de la DIHK, résume la frustration des entreprises : « Mon travail quotidien se résume désormais à vérifier, compléter, classer et déclarer. Chaque euro dépensé pour remplir les obligations déclaratives n'est plus disponible pour l'investissement ou l'innovation. » Les attentes des entreprises sont élevées, dit-elle, mais une approche entièrement nouvelle est nécessaire pour s'engager résolument sur la voie de l'efficacité et de la simplification de la législation.

Quel impact la situation a-t-elle sur la compétitivité de l’Europe ?

La situation paradoxale selon laquelle les entreprises allemandes rencontrent souvent davantage d'obstacles dans leurs échanges intra-UE que dans leurs exportations internationales a de profondes répercussions sur la compétitivité de l'Europe en tant que site économique. Ce problème fragilise non seulement les entreprises individuelles, mais compromet également le projet d'intégration européenne dans son ensemble.

L'Europe est en compétition mondiale pour l'investissement, l'innovation et le dynamisme économique. Alors que des concurrents comme les États-Unis et la Chine renforcent l'attractivité de leurs marchés grâce à la déréglementation et à la numérisation, l'Europe perd de son attrait en raison de ses obstacles bureaucratiques. Les entreprises qui ont le choix entre plusieurs sites d'implantation sont de plus en plus dissuadées par la complexité des réglementations européennes.

La fragmentation du marché unique de l'UE empêche les entreprises européennes de réaliser les économies d'échelle qu'un marché véritablement unifié de 447 millions de personnes pourrait offrir. Elles doivent alors composer avec 27 marchés nationaux distincts, ce qui freine l'innovation et la croissance. Cette situation est particulièrement problématique à l'heure où les bouleversements technologiques et les défis mondiaux exigent des réponses rapides et flexibles.

Les développements actuels démontrent clairement que si l'Europe veut conserver sa position d'espace économique de premier plan, elle doit faire de l'achèvement du marché unique sa priorité absolue. À défaut, elle perdrait encore plus de poids dans la concurrence mondiale et risquerait de voir les entreprises européennes chercher de plus en plus leur avenir hors d'Europe.

 

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