L'industrie chinoise continue de se contracter : alerte rouge à Pékin – les données de novembre révèlent l'échec de la stratégie du marché intérieur
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Publié le : 1er décembre 2025 / Mis à jour le : 1er décembre 2025 – Auteur : Konrad Wolfenstein

L'industrie chinoise continue de se contracter : alerte rouge à Pékin – Les données de novembre révèlent l'échec de la stratégie du marché intérieur – Image : Xpert.Digital
La consommation n'est pas une solution miracle : pourquoi le secteur des services chinois devient soudainement son talon d'Achille
### Double récession en Chine : les chiffres de novembre prouvent l’échec de la restructuration ### Prestataires de services en crise : le stabilisateur tant espéré échoue ### Effondrement structurel : la dangereuse synchronicité de la récession ###
Pourquoi l'industrie et les prestataires de services s'effondrent-ils simultanément en Chine ? Cet effondrement synchrone révèle des faiblesses structurelles.
L'économie chinoise envoie des signaux d'alarme on ne peut plus clairs : pour la première fois depuis la levée des restrictions liées à la pandémie, les secteurs industriel et des services se contractent de concert. Les dernières données, datant de novembre 2025, marquent un tournant dangereux qui remet en question le discours officiel du gouvernement sur une transition harmonieuse vers une société de consommation.
Longtemps considéré comme le pilier essentiel destiné à compenser la faiblesse de l'industrie manufacturière chinoise, le secteur des services a vu son filet de sécurité se rompre. Alors que le monde espérait une reprise de la deuxième économie mondiale, les indicateurs pointent désormais dans une tout autre direction : des tendances déflationnistes s'installent, la crise immobilière érode le patrimoine de la classe moyenne et l'euphorie post-Covid tant espérée a cédé la place à une propension structurelle à épargner.
Pour Pékin, la situation est plus précaire que jamais. Les dirigeants se retrouvent pris en étau entre des problèmes structurels internes – du chômage des jeunes à la dette municipale – et un environnement extérieur de plus en plus hostile, marqué par les guerres commerciales et les droits de douane. Les signaux d'alarme conjugués des secteurs industriel et des services placent le gouvernement face à un choix crucial : les mesures de relance ponctuelles actuelles sont-elles encore suffisantes, ou tout le modèle de croissance des quarante dernières années est-il au bord de l'effondrement ?
L'analyse qui suit décortique les mécanismes de ce ralentissement économique. Elle met en lumière les erreurs historiques, les données actuelles et les conséquences mondiales d'une crise qui n'est plus seulement un problème chinois, mais qui devient un test de résistance pour l'ensemble de l'économie mondiale.
L’échec de la stratégie de compensation : quand le secteur tertiaire ne peut plus soutenir l’économie
Statu quo : Ralentissement synchrone et son impact mondial
Les dernières données économiques chinoises marquent un tournant dont les répercussions dépassent largement les frontières du pays. En novembre 2025, l'indice officiel des directeurs d'achat (PMI) du secteur non manufacturier a chuté à 49,5 points, enregistrant sa première contraction depuis décembre 2022. Parallèlement, le PMI du secteur manufacturier est resté stable à 49,2 points, signalant ainsi le huitième mois consécutif de contraction. Cette synchronisation des baisses dans les deux secteurs constitue un phénomène inédit, le secteur des services ayant jusqu'alors joué un rôle d'amortisseur face aux faiblesses industrielles.
L'importance de cette évolution pour l'économie mondiale est capitale. Deuxième économie mondiale, avec un produit intérieur brut de 134 910 milliards de yuans (environ 18 800 milliards de dollars américains) en 2024, la Chine contribue de manière significative à la croissance mondiale. Cette même année, ses exportations manufacturières, à 3 260 milliards de dollars américains, ont dépassé pour la première fois la production cumulée des exportations des États-Unis, de l'Allemagne et du Japon. Un recul durable de la demande en Chine perturberait donc inévitablement les chaînes d'approvisionnement mondiales, les marchés des matières premières et les flux d'investissement.
La situation actuelle révèle un dilemme fondamental : les dirigeants chinois doivent choisir entre poursuivre des réformes structurelles difficiles ou soutenir la demande intérieure à court terme par de nouveaux plans de relance économique. Cette situation est aggravée par l’escalade des tensions commerciales avec les États-Unis, où des droits de douane de plus de 100 % sur les importations chinoises sont menacés. Ces pressions extérieures coïncident avec des perturbations internes telles que la crise du logement persistante, l’endettement municipal élevé et la faiblesse structurelle de la demande intérieure. L’analyse qui suit examine les racines historiques, les facteurs actuels, les comparaisons internationales et les pistes d’évolution possibles de ce problème complexe.
Convient à:
- Faiblesse du marché intérieur chinois : la puissance économique de la Chine entre dynamiques régionales et défis mondiaux
Le chemin historique vers l'impasse : de l'ouverture à la stagnation
La situation économique actuelle de la Chine ne peut être comprise qu'à la lumière des transformations fondamentales des quatre dernières décennies. Les réformes entreprises par Deng Xiaoping à partir de 1978 ont jeté les bases d'un modèle de croissance axé sur l'exportation, fondé sur un faible coût du travail, des investissements massifs dans les infrastructures et une politique industrielle pilotée par l'État. Ce modèle a permis à la Chine de connaître une croissance économique sans précédent, la transformant en quelques décennies seulement d'un pays en développement en une puissance économique mondiale.
Les négociations d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001 ont marqué un tournant décisif. L'adhésion à l'OMC a accéléré l'intégration de la Chine aux chaînes de valeur mondiales et a fait d'elle l'atelier du monde. Entre 2000 et 2024, les exportations chinoises sont passées de 249 milliards de dollars à 3 570 milliards de dollars, soit un taux de croissance annuel moyen de 11,7 %. La part de la Chine dans les exportations mondiales de produits manufacturés est passée de 0,8 % en 1980 à 20 % en 2023.
La crise financière mondiale de 2008 a révélé la fragilité de ce modèle. Face à l'effondrement de la demande occidentale, Pékin a réagi par un plan de relance massif de quatre mille milliards de yuans, principalement investi dans les infrastructures et l'immobilier. Si ce programme a permis d'éviter une récession, il a aussi jeté les bases des problèmes structurels actuels : surinvestissement dans l'immobilier, endettement galopant des collectivités locales via des dispositifs de financement spécifiques, et surcapacité chronique dans l'industrie lourde.
L’initiative « Made in China 2025 », annoncée en 2015, visait à réorienter le modèle de croissance vers une production à plus forte valeur ajoutée et l’autosuffisance technologique. L’objectif affiché était d’atteindre un taux d’autosuffisance de 70 % pour les semi-conducteurs d’ici 2025. Bien que ces objectifs ambitieux n’aient pas été pleinement atteints, la Chine a réalisé des progrès considérables : le taux d’autosuffisance pour les semi-conducteurs est passé de 5 % en 2018 à près de 30 % en 2024.
La pandémie de COVID-19 et la politique stricte de « zéro COVID » jusqu'à fin 2022 ont profondément marqué l'économie chinoise. Les confinements prolongés ont pesé sur la consommation privée, accru la dette des collectivités locales en raison de la hausse des dépenses et de la baisse des recettes, et gravement érodé la confiance des ménages. L'indice de confiance des consommateurs, qui s'établissait à 104 points en décembre 2019, a chuté à un niveau historiquement bas de 94 points en août 2024.
L'introduction de la stratégie de double circulation en 2020 a marqué l'ajustement stratégique de la Chine face à un environnement international plus hostile. Cette stratégie vise à réduire la dépendance aux marchés étrangers, à renforcer la demande intérieure et à atteindre l'autosuffisance technologique dans les secteurs clés. La circulation intérieure est privilégiée par rapport au commerce international, sans pour autant abandonner totalement les échanges mondiaux.
Le troisième plénum du XXe Comité central, en juillet 2024, a réaffirmé cette orientation stratégique et annoncé des réformes du système fiscal et budgétaire, ainsi qu'une redistribution des responsabilités entre l'État et les collectivités territoriales. Cependant, les mesures annoncées n'ont pas répondu aux attentes de nombreux analystes, qui estimaient nécessaires des réformes structurelles plus profondes.
Convient à:
- Chine | Le dilemme de Pékin entre l'essor des exportations et la stagnation du marché intérieur : la dépendance structurelle aux exportations, piège de la croissance
Anatomie des problèmes : bulle immobilière, endettement colossal et surproduction
La faiblesse économique actuelle de la Chine résulte de l'interaction de plusieurs facteurs fondamentaux, dont les interactions forment un réseau complexe de causes et d'effets.
La crise immobilière comme risque systémique
Le secteur immobilier, qui représentait autrefois environ 25 à 30 % du PIB chinois, connaît une profonde correction. Depuis son pic de 2021, les ventes immobilières ont chuté de façon spectaculaire : avec un volume de ventes projeté à neuf mille milliards de yuans, voire moins, en 2025, le marché a été divisé par deux en seulement quatre ans, passant de 18 200 milliards de yuans en 2021. Les investissements immobiliers ont reculé de 14,7 % au cours des dix premiers mois de 2025.
Le stock de logements achevés mais invendus a atteint 762 millions de mètres carrés en août 2025, contre 753 millions de mètres carrés en décembre 2024. Cette offre excédentaire exerce une pression à la baisse sur les prix et incite les acheteurs potentiels à l'attentisme. Les prix de l'immobilier sont désormais en baisse pour la quatrième année consécutive, et S&P Global Ratings prévoit une nouvelle chute des prix sur le marché du neuf de 15 à 25 %.
Surtout, la crise a profondément modifié les comportements : traditionnellement, les ménages chinois investissent une part importante de leur patrimoine dans l’immobilier. La baisse continue des prix mine la confiance des consommateurs et les incite à épargner davantage. Le taux d’épargne des ménages s’établissait à 24,5 % en 2024, après avoir atteint un pic de 34,3 % en 2022. Ce chiffre est nettement supérieur aux niveaux d’avant la pandémie et témoigne d’une réticence structurelle des consommateurs.
Le problème de la dette des collectivités locales
La situation financière des collectivités locales chinoises s'est considérablement détériorée. Fin 2024, leur dette publique s'élevait à 47 500 milliards de yuans, tandis que la dette cachée, contractée via des mécanismes de financement des collectivités locales, était estimée à 60 000 milliards de yuans supplémentaires. Selon le Fonds monétaire international, la dette publique totale, y compris les engagements cachés, atteignait 124 % du PIB.
Cette dette résulte d'un déséquilibre structurel entre les dépenses publiques et les recettes fiscales. Les collectivités locales supportent plus de 80 % des dépenses publiques, mais leurs recettes fiscales sont limitées. L'effondrement des recettes foncières dû à la crise immobilière a considérablement creusé ce déficit de financement. En novembre 2024, l'Assemblée nationale populaire a approuvé un plan de restructuration de la dette de 10 000 milliards de yuans destiné à alléger la pression financière sur les collectivités locales.
Surcapacité et guerre des prix
Un autre facteur clé est la surcapacité chronique qui sévit dans de nombreux secteurs industriels. Le taux d'utilisation des capacités chute régulièrement en dessous de 75 % dans plusieurs industries. Dans le seul secteur des véhicules électriques, la surcapacité dépasse le volume du marché d'environ cinq à dix millions de véhicules par an. Dans l'industrie photovoltaïque, la surcapacité a engendré des pertes estimées à 40 milliards de dollars américains sur l'ensemble de la chaîne de valeur en 2024.
Ces surcapacités résultent de l'interaction entre les subventions publiques, la concurrence entre les provinces pour atteindre les objectifs de croissance et la protection des entreprises publiques. Les collectivités locales se livrent une concurrence féroce pour attirer les investissements et stimuler la croissance du PIB, ce qui entraîne une multiplication des capacités de production. Il en résulte des guerres des prix acharnées qui érodent les marges bénéficiaires des entreprises et génèrent des pressions déflationnistes.
Goldman Sachs a analysé sept secteurs, dont les climatiseurs, les panneaux solaires, les batteries au lithium, les véhicules électriques, les semi-conducteurs de puissance, l'acier et les engins de chantier. Dans cinq de ces secteurs, la capacité de production chinoise dépasse la demande mondiale totale.
Tendances déflationnistes
La Chine est en voie de connaître une troisième année consécutive de baisse des prix en 2025. L'indice des prix à la production reste constamment négatif, tandis que l'indice des prix à la consommation demeure proche de zéro. Goldman Sachs prévoit une inflation des prix à la consommation de 0 % pour 2025, contre 0,2 % l'année précédente.
Cette déflation engendre un cercle vicieux : la baisse des prix accroît l’endettement réel, comprime les bénéfices des entreprises et incite à la modération de la consommation par anticipation de nouvelles baisses de prix. La déflation complique également la gestion de la dette, la croissance du PIB nominal étant nettement inférieure aux objectifs de croissance réelle officiels.
Tensions sur le marché du travail
Le marché du travail présente des signes inquiétants, notamment chez les jeunes. Le chômage des jeunes (16 à 24 ans, hors étudiants) a atteint un niveau record de 18,9 % en août 2025, selon la nouvelle méthodologie en vigueur depuis décembre 2023. En 2025, 12,22 millions de diplômés universitaires sont entrés sur le marché du travail, soit 430 000 de plus que l’année précédente.
Dans le même temps, les offres d'emploi pour les diplômés universitaires ont chuté de 22 % au premier semestre 2025, tandis que le nombre de demandeurs d'emploi a augmenté de 8 %. Ce déséquilibre structurel entre l'offre de main-d'œuvre qualifiée et la demande d'emplois de cadres reflète le retrait d'anciens employeurs majeurs des secteurs de la technologie, de l'immobilier et du soutien scolaire.
Convient à:
- La Chine et le Neijuan du surinvestissement systématique : le capitalisme d'État comme accélérateur de croissance et piège structurel
Vérification des faits : Que révèlent réellement les indicateurs économiques actuels ?
Les données économiques actuelles dressent un tableau nuancé d'une économie sous pression, mais qui n'est pas encore entrée dans une crise aiguë.
Le produit intérieur brut a progressé de 4,8 % au troisième trimestre 2025 par rapport à l'année précédente, un ralentissement par rapport aux 5,2 % enregistrés au deuxième trimestre. Le gouvernement vise une croissance d'environ 5 % pour l'ensemble de l'année 2025, un objectif ambitieux compte tenu des nombreux défis auxquels l'économie est confrontée. L'année 2024 s'est clôturée sur une croissance de 5,0 %, atteignant ainsi l'objectif officiel, le quatrième trimestre ayant été particulièrement dynamique avec une croissance de 5,4 %.
Les indices des directeurs d'achat (PMI) signalent une faiblesse persistante du secteur manufacturier. L'indice PMI manufacturier officiel du Bureau national des statistiques (NBS) s'est établi à 49,2 points en novembre 2025, marquant ainsi le huitième mois consécutif sous le seuil de croissance de 50 points. L'indice PMI privé de RatingDog a quant à lui chuté de manière inattendue à 49,9 points, alors que les analystes tablaient sur 50,5 points.
L’effondrement du secteur des services est particulièrement préoccupant. L’indice PMI officiel des services a chuté à 49,5 points, contre 50,1 en octobre, enregistrant ainsi sa première contraction depuis décembre 2022. Cette situation est d’autant plus inquiétante que le secteur des services est censé compenser la faiblesse de l’industrie et stimuler la croissance de la consommation.
Les ventes au détail n'ont progressé que de 2,9 % en octobre 2025 par rapport à l'année précédente, marquant ainsi le cinquième mois consécutif de baisse. Ce chiffre est nettement inférieur au niveau requis pour une reprise significative de la demande intérieure. La production industrielle s'est montrée plus robuste, avec une hausse de 4,9 % en octobre, mais ce résultat reste en deçà des prévisions (5,0 %) et des 6,5 % enregistrés en septembre.
Le commerce extérieur est soumis à des pressions croissantes. Les exportations chinoises ont reculé de manière inattendue de 1,1 % en octobre 2025 par rapport à l'année précédente, enregistrant ainsi leur premier repli en près de deux ans. Les effets de l'anticipation des exportations en prévision de la hausse des droits de douane américains semblent s'estomper. Néanmoins, le commerce extérieur demeure un pilier de l'économie : en 2024, les exportations chinoises ont atteint une valeur de 3 570 milliards de dollars américains, soit une augmentation de 5,8 %.
L'activité d'investissement présente un tableau contrasté. Si l'investissement total en actifs corporels a progressé modérément, l'investissement immobilier a chuté de 13,9 %. L'investissement privé hors secteur immobilier n'a augmenté que de 2,1 %, signe d'un manque de confiance dans le secteur privé.
Sur le plan financier, le gouvernement adopte une approche proactive. Le déficit budgétaire a été porté à un nouveau record de 4 % du PIB en 2025, avec un emprunt prévu de 11 860 milliards de yuans. Le programme d’incitation à la consommation pour le remplacement des appareils électroménagers anciens a été doublé, atteignant 300 milliards de yuans. La banque centrale a assoupli sa politique monétaire, et de nouvelles baisses de taux d’intérêt pouvant aller jusqu’à 40 points de base sont attendues.
L'afflux d'investissements directs étrangers (IDE) demeure préoccupant. Au cours des dix premiers mois de 2025, les entrées effectives d'IDE ont chuté de 10,3 % pour s'établir à 621,93 milliards de yuans. Parallèlement, le nombre de nouvelles entreprises à capitaux étrangers a progressé de 14,7 %, témoignant d'un intérêt stratégique persistant, conjugué à une certaine réticence à investir.
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De la prospérité à la stagnation ? Ce que le Vietnam et l'Allemagne révèlent sur l'avenir de la Chine
Contexte international : Leçons du Vietnam et de l'Allemagne
Une comparaison avec d'autres économies met en lumière à la fois les spécificités de la situation chinoise et les voies de développement alternatives possibles.
Vietnam : L'essor d'un site de production alternatif
Au cours de la dernière décennie, le Vietnam s'est imposé comme l'un des principaux bénéficiaires de la transformation des chaînes d'approvisionnement mondiales. Le pays a enregistré une croissance économique de 7,09 % en 2024, dépassant ainsi l'objectif gouvernemental de 6,5 % et les prévisions des analystes. Les exportations ont progressé de 14 % pour atteindre 405 milliards de dollars américains, portées par les secteurs de l'électronique, des smartphones et du textile.
Plusieurs facteurs expliquent le succès du Vietnam. Premièrement, le pays a bénéficié de la diversification des chaînes d'approvisionnement mondiales, désormais moins dépendantes de la Chine. Des entreprises comme Samsung, Foxconn et Apple ont transféré d'importantes capacités de production au Vietnam. Samsung, à elle seule, y a investi 18 milliards de dollars américains. Deuxièmement, les accords de libre-échange tels que le CPTPP, le RCEP et l'accord UE-Vietnam offrent un accès en franchise de droits à des marchés clés. Troisièmement, le Vietnam allie un coût du travail compétitif à une main-d'œuvre jeune et dynamique.
La diversification industrielle du Vietnam est remarquable : si les secteurs traditionnels comme le textile et la chaussure restent solides, l’accent est de plus en plus mis sur les industries de haute technologie. D’ici 2025, le Vietnam devrait représenter 4 % des exportations mondiales de produits électroniques, contre seulement 1 % en 2010. Allianz Research classe le Vietnam au deuxième rang des plateformes commerciales de nouvelle génération les plus prometteuses, juste derrière les Émirats arabes unis.
Le Vietnam n'est toutefois pas à l'abri des risques liés au conflit commercial sino-américain. En tant que site clé de délocalisation de la production chinoise, le Vietnam pourrait lui-même être visé par des droits de douane si Washington soupçonne un contournement des barrières commerciales. De plus, l'afflux croissant d'exportations chinoises risque d'évincer les industries locales : les exportations chinoises vers l'ASEAN ont encore progressé de 12 % en 2024.
Allemagne : Récession industrielle et défis structurels
L'Allemagne offre un contraste saisissant : pays industriel établi, elle traverse une récession prolongée. Son indice PMI HCOB du secteur manufacturier a chuté à 48,4 points en novembre 2025, soit sa plus forte baisse en six mois. Le secteur manufacturier est confronté depuis des années à des défis structurels, tels que le coût élevé de l'énergie, les lourdeurs administratives et la lenteur de la numérisation.
On observe des similitudes avec la Chine en termes de ralentissement industriel et de dépendance au secteur manufacturier. Toutefois, les causes profondes diffèrent : tandis que la Chine souffre de surcapacité et d’une faible demande intérieure, l’Allemagne est confrontée à des coûts de production élevés et à des mutations structurelles dans son industrie automobile. Les deux pays partagent le défi de l’évolution démographique, bien que celle de la Chine soit encore plus marquée.
L'expérience allemande illustre les risques d'une dépendance excessive au secteur manufacturier. Si la part de ce secteur dans le PIB allemand est inférieure à celle de la Chine, sa dépendance aux exportations est tout aussi élevée. L'économie allemande démontre ainsi que même des pays industrialisés très développés peuvent connaître des périodes prolongées de faiblesse industrielle en l'absence d'ajustements structurels.
Similitudes et différences
Ces deux comparaisons mettent en lumière des défis majeurs pour les pays industrialisés tournés vers l'exportation. Le Vietnam démontre qu'il est possible de réussir grâce à une démographie favorable, des accords commerciaux stratégiques et des marchés ouverts aux investissements étrangers, tandis que l'Allemagne illustre que même les pays industrialisés établis sont vulnérables aux mutations structurelles et aux chocs externes. La situation de la Chine est unique : elle doit à la fois faire face à la taille et à la complexité d'une puissance économique établie et aux défis de transformation structurelle propres aux pays en développement.
Convient à:
Controverses et risques : doutes sur les données, débats sur les mesures de relance et tensions géopolitiques
La situation économique actuelle de la Chine fait l'objet d'intenses débats scientifiques et politiques, révélant des évaluations divergentes et des points de vue controversés.
Le débat sur la véritable croissance
Un point de désaccord majeur concerne la fiabilité des statistiques officielles. Le Rhodium Group estime la croissance réelle du PIB chinois en 2024 à seulement 2,4 à 2,8 %, un chiffre nettement inférieur aux 5,0 % annoncés officiellement. L'écart entre la croissance du PIB nominal et celle du PIB réel, ainsi que la faiblesse persistante des indicateurs de prix, confortent cette évaluation sceptique. Les critiques soulignent que la Chine a largement manqué son objectif de croissance du PIB nominal ces dernières années : 4,6 % contre un objectif de 6,9 % en 2023.
D'un autre côté, des instances officielles et certains analystes affirment que, malgré les difficultés, la Chine demeure l'un des pays à la croissance la plus rapide au monde et que les ajustements structurels s'accompagnent nécessairement de ralentissements temporaires de la croissance. La vérité se situe probablement entre ces deux extrêmes, les différences méthodologiques dans la mesure de la croissance laissant une large place à l'interprétation.
Le dilemme des politiques de relance
La question de savoir si et dans quelle mesure le gouvernement doit stimuler l'économie divise les experts. Les partisans de mesures plus énergiques estiment qu'une forte relance de la demande est nécessaire pour rompre le cycle déflationniste et soutenir la croissance. Citigroup estime que le gouvernement chinois devrait investir 20 000 milliards de yuans (environ 2 700 milliards de dollars américains) sur cinq ans pour corriger efficacement le déséquilibre entre l'offre et la demande.
Cependant, les critiques mettent en garde contre les risques d'une nouvelle expansion de la dette. La dette totale du secteur non financier atteignait déjà 312 % du PIB en 2024, faisant de la Chine l'un des pays les plus endettés. De nouvelles mesures de relance par l'investissement pourraient aggraver les problèmes structurels au lieu de les résoudre, en perpétuant la surcapacité et en accentuant la crise de la dette.
Le gouvernement central fait preuve de retenue concernant les programmes de transferts massifs aux ménages, ce que les économistes interprètent comme une indication de ses préférences idéologiques. Pékin semble continuer de privilégier l'investissement et la croissance de la production plutôt que la promotion directe de la consommation.
Risques géopolitiques et découplage
Le conflit commercial avec les États-Unis fait peser une menace existentielle sur le modèle de croissance chinois. Le poids cumulé des droits de douane sur les exportations chinoises vers les États-Unis dépasse désormais 100 %. Il ne s'agit pas d'un simple différend commercial, mais d'un élément d'une rivalité stratégique plus vaste qui inclut le découplage technologique, les restrictions sur les investissements et le contrôle des exportations.
Pour répondre à ce défi, la Chine diversifie ses marchés d'exportation. La part de ses exportations vers les États-Unis a chuté de 19,18 % en 2018 à 14,7 % en 2024. L'ASEAN est devenue le premier marché d'exportation de la Chine, dépassant ainsi les États-Unis et l'Union européenne. Toutefois, cette stratégie présente des limites : les pays de l'ASEAN renforcent leurs mesures de protection contre les surcapacités chinoises, et l'UE a imposé des droits de douane sur les véhicules électriques chinois.
implications sociales
Les difficultés économiques ont des conséquences sociales importantes. Le taux de chômage des jeunes, qui atteignait 18,9 % en août 2025, témoigne de profonds problèmes structurels. L'écart entre les qualifications des diplômés universitaires et les emplois disponibles pourrait avoir des répercussions durables sur la productivité et la cohésion sociale.
La confiance des consommateurs demeure proche de ses plus bas historiques. L'indice de confiance des consommateurs s'établissait à 89,6 points en septembre 2025, nettement en dessous des niveaux pré-pandémiques supérieurs à 100. La propension accrue des ménages à épargner témoigne d'une profonde incertitude quant à l'avenir économique et au système de protection sociale.
Convient à:
- Crise chinoise | Le secteur immobilier chinois en chute libre : le talon d'Achille sous-estimé de l'économie mondiale
Scénarios futurs : entre stabilisation, stagnation et crise potentielle
L'évolution future de l'économie chinoise dépend d'une multitude de facteurs, ce qui permet d'envisager différents scénarios.
Scénario 1 : Stabilisation progressive
Dans un scénario plus optimiste, le gouvernement parvient à stabiliser l'économie grâce à une combinaison de mesures de relance ciblées, de réformes structurelles et d'un apaisement des tensions commerciales. Les prix de l'immobilier atteignent leur niveau le plus bas, la confiance des consommateurs se redresse progressivement et la stratégie de double circulation porte ses fruits, se traduisant par une demande intérieure plus forte.
Dans ce scénario, la croissance du PIB se stabiliserait entre 4,0 et 4,5 %, ce qui correspond aux prévisions du FMI concernant la croissance potentielle. Les tendances déflationnistes s'atténueraient avec le rééquilibrage de l'offre et de la demande. Le chômage des jeunes diminuerait, quoique lentement.
La probabilité de ce scénario dépend fortement des décisions politiques, et notamment de la volonté de Pékin d'effectuer des transferts substantiels aux ménages et de poursuivre les réformes structurelles du système fiscal et social.
Scénario 2 : Stagnation prolongée
Dans le scénario à moyen terme, l'économie chinoise reste dans une phase de faible croissance avec des tendances déflationnistes persistantes, semblables à ce qu'a connu le Japon après 1990. Les réformes structurelles demeurent insuffisantes, la demande intérieure ne se redresse que lentement et les contraintes extérieures liées aux conflits commerciaux persistent.
Dans ce scénario, la croissance du PIB pourrait chuter à 3,0 ou 4,0 %, avec des taux d'inflation durablement faibles, voire négatifs. Le problème de la dette s'aggraverait, la croissance nominale étant inférieure au service de la dette. Le mécontentement social, notamment chez les jeunes diplômés, pourrait s'accroître.
Scénario 3 : Escalade de la crise
Dans le scénario le plus pessimiste, les problèmes structurels dégénèrent en une crise financière majeure. Un effondrement du secteur bancaire parallèle ou des véhicules de financement des collectivités locales pourrait engendrer des risques systémiques. Une escalade dramatique du conflit commercial avec les États-Unis pourrait provoquer une chute brutale des exportations et des pertes d'emplois massives.
Dans ce scénario, un effondrement du PIB, voire une récession, serait possible, accompagné de fortes dévaluations monétaires et d'une fuite des capitaux. Ce scénario est actuellement considéré comme improbable compte tenu des ressources et des instruments considérables dont dispose le gouvernement chinois, mais il ne faut pas l'exclure totalement.
Perturbations potentielles
Plusieurs facteurs pourraient influencer l'évolution de la situation de manière inattendue. Une escalade technologique du conflit avec les États-Unis, par exemple par le biais de contrôles plus stricts à l'exportation de semi-conducteurs, pourrait gravement impacter le secteur de haute technologie chinois. En revanche, les avancées chinoises dans la fabrication de semi-conducteurs pourraient réduire la dépendance à l'égard des technologies occidentales plus rapidement que prévu.
Les décisions en matière de politique climatique pourraient également avoir un effet perturbateur. La position dominante de la Chine dans les énergies renouvelables et les véhicules électriques pourrait constituer un atout stratégique si la demande mondiale pour ces technologies s'accélère. Parallèlement, l'intensification des conflits commerciaux pourrait restreindre l'accès aux marchés, notamment dans ces secteurs.
Les tendances démographiques limiteront le potentiel de croissance à long terme. Le déclin de la population en âge de travailler et le vieillissement rapide de la société nécessitent des ajustements fondamentaux du modèle économique, indépendamment des fluctuations économiques à court terme.
Mesures requises et conséquences pour l'économie mondiale
La faiblesse simultanée des secteurs industriel et tertiaire chinois marque un tournant et soulève des questions fondamentales quant au modèle de croissance futur de la deuxième économie mondiale. L'analyse révèle un ensemble complexe de défis interdépendants : une grave crise du logement qui érode le patrimoine et la confiance des ménages ; une dette publique locale qui restreint les marges de manœuvre budgétaires ; une surcapacité chronique engendrant des pressions déflationnistes ; et un environnement international de plus en plus protectionniste et hostile.
Le principal constat est que le modèle de croissance chinois, axé sur les exportations et tiré par l'investissement, a atteint ses limites. Les réserves de productivité issues de l'urbanisation et de l'industrialisation s'épuisent, tandis que le dividende démographique se transforme en fardeau démographique. La transition vers un modèle davantage axé sur la consommation, que le gouvernement promeut depuis des années, progresse lentement. À environ 40 %, la part de la consommation privée dans le PIB demeure nettement inférieure aux chiffres occidentaux, qui se situent entre 60 et 70 %.
Pour les décideurs politiques chinois, cela impose des impératifs d'action clairs. Premièrement, la stabilisation du secteur immobilier exige des mesures décisives, pouvant inclure des acquisitions massives de biens immobiliers excédentaires par l'État. Deuxièmement, le déséquilibre fiscal entre l'État central et les collectivités locales doit être corrigé en profondeur, idéalement par une réforme de la répartition des impôts. Troisièmement, un investissement substantiel dans la protection sociale est nécessaire pour freiner l'épargne croissante des ménages et stimuler la consommation.
Pour les entreprises internationales, cette situation impose de réévaluer la Chine comme marché et site de production. La faiblesse de la demande intérieure limite les perspectives de croissance dans le secteur des biens de consommation, tandis que l'incertitude réglementaire et les tensions géopolitiques accroissent le risque d'investissement. Parallèlement, la Chine demeure incontournable dans de nombreux secteurs grâce à la taille de son marché, ses infrastructures et ses chaînes d'approvisionnement intégrées. Une stratégie d'investissements sélectifs, privilégiant la diversification régionale, semble donc judicieuse.
Pour les investisseurs internationaux, cette évolution témoigne d'une prudence accrue quant à leur exposition à la Chine dans les secteurs de l'immobilier, des finances publiques locales et des biens de consommation. Des opportunités existent toutefois dans les secteurs de haute technologie, où la Chine réalise des progrès remarquables malgré les obstacles extérieurs, ainsi que dans les secteurs bénéficiant du soutien gouvernemental, tels que les énergies renouvelables et la mobilité électrique.
La portée à long terme des développements actuels dépasse largement le cadre des indicateurs économiques. La Chine se trouve à un tournant historique : si elle réussit sa transition vers un modèle de croissance plus durable, fondé sur la consommation, le pays pourrait poursuivre son ascension et devenir potentiellement la première économie mondiale dans les décennies à venir. En cas d’échec de cette transition, une longue période de stagnation se profile, avec des conséquences sociales et politiques imprévisibles.
Les données de novembre, qui révèlent une contraction simultanée des secteurs manufacturier et des services pour la première fois en trois ans, constituent un signal d'alarme, mais ne constituent pas encore une crise. Elles soulignent l'urgence des réformes structurelles et les limites des mesures purement monétaires ou budgétaires. Les prochains trimestres diront si Pékin est prêt à prendre les décisions nécessaires, bien que politiquement difficiles, ou s'il persistera dans son approche au jour le jour. La communauté internationale suivra la situation de près, car l'avenir économique de la Chine est indissociable de celui de l'ordre économique mondial.
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