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Sommet de l'OTAN à La Haye : « sommet servile » et « soumission » ? Non, l'Europe doit faire face à la réalité

Le réveil de l'Europe face à la complaisance en matière de politique de sécurité

Le réveil de l'Europe face à la complaisance en matière de politique de sécurité – Image : Xpert.Digital

Les reportages superficiels passent à côté de l'essentiel : l'analyse de Trump sur l'OTAN est parfaitement juste concernant les déficits de défense européens

Le réveil de l'Europe face à la complaisance en matière de politique de sécurité

Les titres critiques dénonçant un « sommet servile » et la « soumission » des partenaires de l'OTAN à Donald Trump occultent la véritable dimension des évolutions actuelles en matière de politique de sécurité. Cette vision superficielle passe sous silence les faiblesses fondamentales de l'architecture de défense européenne, que Trump a impitoyablement mises à nu par ses critiques directes.

Convient à:

La réalité de la dépendance européenne en matière de défense

La dépendance structurelle de l'Europe vis-à-vis des États-Unis est en réalité plus grave qu'on ne le laisse souvent entendre dans le débat public. Les États européens membres de l'OTAN sont actuellement incapables de commander une formation importante, comme un corps d'armée pouvant compter jusqu'à 50 000 soldats, sans le soutien américain. Cette faiblesse du commandement se manifeste dans toutes les dimensions militaires : de la planification stratégique à la mise en œuvre opérationnelle.

Les États-Unis jouent un rôle d'intégrateur indispensable des différentes forces armées nationales européennes. Seuls les États-Unis disposent des structures, centres de commandement, systèmes de commandement et personnels associés nécessaires pour coordonner efficacement les activités de l'ensemble de l'OTAN en cas de crise. Ces capacités de commandement sont renforcées par des forces de soutien stratégique telles que les avions AWACS et les avions ravitailleurs – des capacités dont les Européens ne disposent que de manière très limitée.

Déficits structurels en nombre

Une analyse récente de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale et de l'Institut Bruegel de Bruxelles illustre l'ampleur de la dépendance européenne : en cas de retrait des États-Unis, les Européens devraient constituer environ 50 brigades supplémentaires, soit un total de 300 000 soldats. Cela nécessiterait au moins 1 400 nouveaux chars de combat principaux et 2 000 véhicules de combat d'infanterie, dépassant ainsi l'inventaire actuel des forces terrestres combinées allemandes, françaises, italiennes et britanniques.

Les dimensions financières sont tout aussi impressionnantes : une défense européenne autosuffisante nécessiterait des investissements substantiels d’environ 250 milliards d’euros par an. Cela correspond à une augmentation des dépenses de défense européennes, qui passeraient actuellement de 2 % à un niveau compris entre 3,5 et 4 % du PIB.

Les décisions de l'OTAN prises à La Haye constituent une nécessité stratégique

Le sommet de l'OTAN à La Haye a marqué un tournant historique avec l'accord sur l'objectif de 5 %. Les États membres de l'OTAN se sont engagés à investir chaque année 5 % de leur produit intérieur brut dans la défense et la sécurité, au plus tard en 2035. Cette augmentation considérable par rapport aux 2 % précédents se répartit en plusieurs catégories : 3,5 % pour les domaines essentiels de la défense, tels que les troupes et les armements, et 1,5 % supplémentaires pour des investissements accrus dans le domaine de la sécurité, notamment la cybersécurité et les infrastructures militaires.

Cette décision n'est en aucun cas une soumission opportuniste, mais bien une adaptation nécessaire depuis longtemps à l'évolution de la politique de sécurité. En 2024, seuls 22 des 32 membres de l'OTAN consacraient 2 % ou plus de leur PIB à la défense. La Pologne était en tête avec plus de 4 %, tandis que l'Espagne fermait la marche avec moins de 1,3 %.

Allumettes:

Les dépendances technologiques comme risque stratégique

La dépendance de l'Europe vis-à-vis des technologies américaines clés représente un risque stratégique majeur. Nombre de systèmes d'armes parmi les plus sophistiqués utilisés par les pays européens, tels que les avions de chasse F-35 et les systèmes de défense aérienne Patriot, dépendent d'un soutien continu des États-Unis. Ces systèmes requièrent des mises à jour logicielles régulières, des autorisations GPS et des signaux de communication provenant des réseaux américains.

Un exemple particulièrement frappant est celui du chasseur F-35 : le contrôle total du logiciel de ces appareils est entre les mains du constructeur américain Lockheed Martin, ce qui signifie que l’armée américaine pourrait désactiver les systèmes informatiques à tout moment. Cette dépendance technologique s’étend également à la navigation par satellite, où l’Europe, malgré son propre système Galileo, reste fortement dépendante des services GPS américains.

L'industrie de défense européenne fragmentée

Les problèmes structurels de l'industrie de défense européenne accentuent sa dépendance vis-à-vis des États-Unis. La production d'armements dans les pays de l'UE est très fragmentée et repose sur des structures redondantes et inefficaces. Cette fragmentation engendre des coûts plus élevés, des délais de développement plus longs et une réduction des économies d'échelle.

Un exemple concret de ce problème se trouve dans la production de munitions : l’Allemagne n’est pas la seule à faire face à une pénurie de munitions – même une semaine de réserves relèverait du vœu pieux pour la Bundeswehr (forces armées allemandes). L’OTAN fixe un objectif de 30 jours de réserves, mais pour l’Allemagne, cela reste « impensable ».

Convient à:

Scénarios de menaces : Russie et Chine

La situation en matière de menaces s'est fondamentalement aggravée depuis 2022. Malgré de lourdes pertes lors de la guerre en Ukraine, la Russie a considérablement renforcé ses capacités militaires et comptait environ 700 000 soldats en Ukraine fin 2024, soit nettement plus que lors de l'invasion à grande échelle de 2022. Parallèlement, environ 1 550 nouveaux chars et 5 700 véhicules blindés ont été produits ou réparés en 2024.

La Chine représente un défi stratégique supplémentaire. Deuxième puissance militaire mondiale, elle œuvre depuis des années à la modernisation de ses forces armées, avec pour objectif d'en faire une armée de « classe mondiale » d'ici 2050. Son soutien à la Russie est particulièrement préoccupant : la Chine a franchi ses propres lignes rouges et fournit désormais à la Russie des drones meurtriers.

L'OTAN en Europe sans les États-Unis : la réalité militaire

Une étude récente de Greenpeace montre que l'OTAN européenne est militairement supérieure à la Russie, même sans les États-Unis. Les partenaires européens de l'OTAN, hors États-Unis et Canada, possèdent 2 073 avions de chasse, contre 2 141 pour la Russie. Les États européens membres de l'OTAN disposent également de budgets militaires nettement supérieurs à ceux de la Russie.

Néanmoins, de sérieuses faiblesses persistent : sur le papier, l’Europe compte environ un million de soldats au sol non engagés, mais en réalité, ce chiffre est nettement inférieur. Seuls quelques pays avoisinent les 100 000 soldats actifs. La France et la Grèce arrivent en tête avec respectivement environ 98 000 et 92 000 soldats, suivies de l’Italie et de la Pologne avec environ 89 000 chacune.

Déficits de munitions et de production

La production d'armements européenne est largement inférieure à la demande. L'Europe consomme chaque jour plus de munitions dans le cadre du conflit ukrainien qu'elle n'en produit. L'ancien général Marc Thys a lancé un avertissement sans équivoque : « La situation est grave, nous sommes dans une situation critique. Il faudra encore cinq à sept ans pour moderniser l'industrie occidentale et la rendre capable de dissuasion. ».

L'Allemagne s'efforce de remédier à la situation : Rheinmetall prévoit de multiplier par vingt sa capacité de production de munitions d'artillerie d'ici 2026. Un accord-cadre conclu avec les forces armées allemandes porte sur des projectiles d'une valeur maximale de 8,5 milliards d'euros. Néanmoins, des problèmes systémiques persistent : l'Allemagne achète souvent des projectiles à l'unité au lieu de munitions complètes, ce qui limite sa capacité opérationnelle.

Dimension nucléaire de la dépendance

La dissuasion nucléaire européenne repose presque entièrement sur l'arsenal nucléaire américain dans le cadre du partage nucléaire. Ces armes sont stockées en Belgique, en Italie, aux Pays-Bas, en Turquie et en Allemagne. Les remises en question répétées par Trump de l'engagement de défense mutuelle de l'OTAN ont relancé le débat sur l'armement nucléaire européen, notamment sur une possible européanisation du parapluie nucléaire français, voire sur l'armement nucléaire allemand.

Les critiques justifiées de Trump

Les critiques superficielles adressées aux partenaires de l'OTAN, qualifiés de « flagorneurs », occultent la dimension stratégique des événements actuels. Les critiques de Trump concernant l'insuffisance des contributions européennes à la défense sont non seulement justifiées, mais stratégiquement nécessaires. Depuis des décennies, les Européens font preuve de complaisance en matière de politique de sécurité et négligent leurs capacités de défense.

La dépendance structurelle à l'égard du leadership américain, des technologies clés et des capacités logistiques est telle que l'Europe serait incapable de défendre ses intérêts de sécurité de manière indépendante sans réformes fondamentales. Les décisions de La Haye ne signifient pas une soumission, mais bien le début, attendu depuis longtemps, d'un réalignement stratégique.

L’Europe doit se rendre à l’évidence : l’ère de la complaisance en matière de politique de sécurité est révolue

Les défis géopolitiques posés par la Russie et la Chine, conjugués au recentrage américain sur l'Indo-Pacifique, exigent un renforcement fondamental des capacités de défense européennes. L'avertissement lancé par Trump était non seulement justifié, mais stratégiquement essentiel pour l'avenir sécuritaire de l'Europe.

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