343 milliards d'euros de dépenses de défense de l'UE – Le tournant historique de la politique de défense européenne
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Publié le : 6 septembre 2025 / Mis à jour le : 6 septembre 2025 – Auteur : Konrad Wolfenstein
343 milliards d'euros de dépenses de défense de l'UE – Un tournant historique pour la politique de défense européenne – Image : Xpert.Digital
Plus que des armes : comment l'Europe forge son autonomie stratégique avec des dépenses record
L'objectif de 2 % appartient au passé : pourquoi l'armée européenne est aujourd'hui confrontée à la plus grande restructuration depuis des décennies
L'Union européenne connaît l'une des transformations les plus importantes de sa politique de défense depuis la guerre d'agression russe contre l'Ukraine. Les dépenses militaires des 27 États membres ont atteint un record historique de 343 milliards d'euros en 2024, soit une augmentation drastique de 19 % par rapport à l'année précédente. Cette évolution marque une réorientation fondamentale de la stratégie de sécurité européenne et le développement déterminé d'une capacité de défense indépendante.
Dans son dernier rapport annuel, l'Agence européenne de défense (AED) fait état d'une accumulation d'armements sans précédent dans tous les États membres de l'UE. Avec 1,9 % du produit intérieur brut (PIB), les dépenses en 2024 se sont nettement rapprochées de l'objectif de 2 % fixé par l'OTAN. Pour 2025, l'AED prévoit une nouvelle augmentation, à 381 milliards d'euros, ce qui dépasserait pour la première fois la barre des 2 % et correspondrait à 2,1 % du PIB européen.
Les forces motrices du réarmement européen
L'augmentation spectaculaire des dépenses de défense s'explique principalement par l'évolution du paysage des menaces depuis février 2022. Kaja Kallas, haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, critique virulente du président russe Vladimir Poutine, souligne la nécessité de poursuivre les investissements pour sécuriser la population européenne. L'Europe mobilise tous les instruments financiers et politiques à sa disposition pour soutenir les États membres et les entreprises européennes dans cette démarche.
Kallas, ancienne Première ministre estonienne particulièrement sensible à la menace russe, incarne la nouvelle détermination de l'UE. Elle met en garde contre le risque d'un affaiblissement du soutien à l'Ukraine et appelle les pays de l'OTAN à fournir une assistance militaire maximale. Son credo : l'objectif ultime n'est pas la paix, mais la prévention d'une nouvelle agression russe.
L'évolution est particulièrement impressionnante pour les investissements de défense, qui ont dépassé pour la première fois le seuil des 100 milliards d'euros en 2024 et, avec 106 milliards d'euros, ont enregistré une hausse de 42 % par rapport à 2023. Cela correspond à 31 % des dépenses totales de défense, la part la plus élevée depuis que l'AED a commencé à collecter des données. Dans le même temps, les dépenses de recherche et développement ont augmenté de 20 % pour atteindre 13 milliards d'euros.
Les défis structurels de la défense européenne
Malgré ces augmentations significatives, l'UE est confrontée à des problèmes structurels fondamentaux. La fragmentation du paysage européen de la défense entrave l'efficacité et l'interopérabilité des forces armées. André Denk, nouveau directeur général de l'Agence européenne de défense et premier haut responsable militaire à occuper ce poste, souligne la nécessité d'une meilleure coordination. Les 27 gouvernements nationaux continuent de prendre des décisions d'acquisition indépendantes, ce qui entraîne une multitude de systèmes d'armes disparates et nuit à l'interopérabilité et à la rentabilité.
Le général de division allemand Denk, entré en fonction en mai 2025, bénéficie d'une vaste expérience opérationnelle acquise lors de missions internationales en Bosnie-Herzégovine, en Afghanistan et au Mali. Sa nomination symbolise l'importance accrue accordée à la militarisation de la politique de défense européenne et le besoin d'une expertise pratique et orientée mission.
L'AED identifie d'importantes lacunes capacitaires dans des domaines critiques tels que la défense aérienne, les systèmes d'artillerie, la défense anti-drones et les capacités de soutien stratégique. La faible capacité européenne de production de munitions et d'autres équipements militaires essentiels est particulièrement problématique, ce qui s'est avéré un sérieux obstacle lors des opérations de soutien à l'Ukraine.
La réponse européenne à l'économie de guerre russe
Les dépenses militaires russes dépassent désormais tous les budgets de défense européens réunis. La Russie a consacré environ 145,9 milliards de dollars à la défense en 2024, soit environ 6,7 à 7 % de son produit intérieur brut. À parité de pouvoir d'achat, les dépenses russes ont atteint 462 milliards de dollars, dépassant les 457 milliards de dollars des dépenses européennes.
Le président Poutine a annoncé une nouvelle augmentation drastique des dépenses militaires de 30 %, pour les porter à 13 500 milliards de roubles, soit environ 130 milliards d'euros, d'ici 2025. Ces chiffres illustrent l'ampleur de l'économie de guerre russe, Poutine lui-même admettant que 6,3 % du PIB consacré aux dépenses militaires, c'est « beaucoup » et « évidemment l'un des problèmes ».
La réponse européenne à ce défi se manifeste par l'instrument SAFE (Security Action For Europe), qui accorde aux États membres de l'UE jusqu'à 150 milliards d'euros de prêts à faible taux d'intérêt pour leurs investissements dans la défense. Cet instrument financier, adopté en mai 2025, s'inscrit dans le cadre de la stratégie « Readiness 2030 » et vise à promouvoir les achats conjoints et à renforcer l'industrie européenne de la défense.
Hub pour la sécurité et la défense - conseils et informations
Le hub pour la sécurité et la défense offre des conseils bien fondés et des informations actuelles afin de soutenir efficacement les entreprises et les organisations dans le renforcement de leur rôle dans la politique européenne de sécurité et de défense. De près avec le groupe de travail PME Connect, il promeut en particulier les petites et moyennes entreprises (PME) qui souhaitent étendre davantage leur force et leur compétitivité innovantes dans le domaine de la défense. En tant que point de contact central, le Hub crée un pont décisif entre la PME et la stratégie de défense européenne.
Convient à:
Autonomie stratégique : entre liens transatlantiques et auto-dissuasion
Le nouvel objectif de l’OTAN et ses implications
Lors du sommet de La Haye en juin 2025, les pays de l'OTAN se sont engagés à atteindre des objectifs encore plus ambitieux. D'ici 2032, au moins 3,5 % du produit intérieur brut (PIB) devront être consacrés aux dépenses de défense de base et 1,5 % supplémentaire aux infrastructures liées à la défense, soit un total de 5 %.
Cet objectif représente un défi de taille pour la plupart des pays de l'UE. Selon l'AED, plus de 630 milliards d'euros devraient être dépensés chaque année pour atteindre l'objectif de 3,5 %. À titre de comparaison, seuls trois pays de l'UE n'ont pas atteint l'objectif précédent de 2 % en 2024, tandis que 13 États membres l'ont dépassé.
La Pologne est en tête des dépenses de défense européennes, avec 3,75 % du PIB, suivie des États baltes : l’Estonie (3,3 %), la Lettonie (3,3 %) et la Lituanie (3,1 %). Ces pays, qui bordent directement la Russie ou la Biélorussie, reflètent la perception immédiate de la menace et investissent de manière disproportionnée dans leur sécurité.
L'Allemagne comme référence européenne
En 2024, l'Allemagne a atteint pour la première fois de son histoire l'objectif de 2 % fixé par l'OTAN, avec des dépenses de défense estimées à 90,6 milliards d'euros, soit 2,12 % du PIB. Ce résultat repose en grande partie sur le fonds spécial de 100 milliards d'euros destiné à la Bundeswehr, créé en réponse à la guerre en Ukraine.
Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a présenté une démarche progressive pour atteindre le nouvel objectif de 5 %. Les dépenses de défense doivent augmenter de 0,2 point de pourcentage par an sur cinq à sept ans pour atteindre 3,5 % d'ici 2032. Les 1,5 % supplémentaires destinés aux infrastructures liées à la défense pourraient être financés en partie par le fonds d'infrastructures de 500 milliards d'euros.
La transformation de l'industrie européenne de la défense
L'augmentation massive des dépenses de défense catalyse une transformation fondamentale de l'industrie européenne de la défense. Le programme SAFE promeut spécifiquement les projets d'approvisionnement conjoint, impliquant au moins deux pays participants pour chaque projet. Les domaines d'investissement prioritaires comprennent la défense aérienne et antimissile, les systèmes d'artillerie, les drones et leurs systèmes de défense, ainsi que la mobilité militaire.
La première tranche de 300 millions d'euros du programme EDIRPA (European Defence Industry Reinforcement through Common Procurement) finance déjà cinq projets d'acquisition conjointe, dont le véhicule blindé de transport de troupes Patria et le système de défense aérienne SLM IRIS-T. Ces initiatives améliorent l'interopérabilité des forces armées européennes et renforcent l'industrie de défense du continent.
Les petites et moyennes entreprises (PME) bénéficieront particulièrement des nouveaux programmes, car elles seront intégrées aux chaînes d'approvisionnement européennes de la défense en tant que sous-traitants. L'instrument SAFE permet de confier jusqu'à 35 % du montant du contrat à des fabricants extérieurs à l'UE et à l'Ukraine, favorisant ainsi la coopération internationale.
Dimensions géopolitiques et autonomie stratégique
Le renforcement militaire européen s'inscrit dans un contexte géopolitique complexe. L'UE aspire à une plus grande autonomie stratégique sans compromettre le partenariat transatlantique. Kaja Kallas souligne l'importance des États-Unis comme allié le plus fort de l'UE et soutient même les appels du président Trump à une augmentation des dépenses européennes de défense.
Parallèlement, l'UE développe ses propres capacités de défense contre les menaces. De nombreux services de renseignement nationaux préviennent que la Russie pourrait mettre à l'épreuve l'état de préparation de l'UE en matière de défense d'ici trois à cinq ans. Cette évaluation renforce l'urgence de l'actuel renforcement des armements et justifie les dépenses financières exceptionnelles engagées.
Par sa guerre défensive, l'Ukraine fait gagner à l'UE un temps précieux pour renforcer ses propres capacités de défense. Parallèlement, l'UE travaille à un seizième train de sanctions contre la Russie et vise à utiliser plus efficacement les avoirs russes gelés au profit de l'Ukraine.
Perspectives à long terme et durabilité
L'augmentation massive des dépenses de défense soulève des questions quant à leur viabilité à long terme. Le coût annuel de la défense par citoyen de l'UE est estimé à environ 764 €. Ce fardeau exige un équilibre délicat entre les impératifs de sécurité et les autres responsabilités des États.
Parallèlement, la Commission européenne élabore des simplifications réglementaires pour le secteur de la défense. Un projet de règlement omnibus vise à réduire les obstacles administratifs, à améliorer la certification mutuelle des équipements de défense et à faciliter l'accès au financement d'ici juin 2025.
La transformation de la défense européenne connaît déjà des premiers succès. 25 des 27 pays de l'UE ont augmenté leurs dépenses de défense en termes réels en 2024, et 16 ont même enregistré des hausses de plus de 10 %. Cette dynamique reflète la reconnaissance commune de la nécessité pour l'Europe d'assumer une plus grande responsabilité pour sa sécurité.
La dimension historique de cette évolution apparaît clairement lorsqu'on la compare aux décennies précédentes. Pour la première fois depuis la fin de la Guerre froide, l'Europe investit à nouveau massivement dans ses capacités de défense. La combinaison d'une augmentation des dépenses nationales, d'instruments financiers européens et d'une coopération industrielle renforcée pose les bases d'une nouvelle ère pour la politique de sécurité européenne.
Les années à venir montreront si l'Europe est capable d'atteindre les objectifs qu'elle s'est fixés et de constituer une force de dissuasion crédible contre d'éventuels agresseurs. La détermination des dirigeants politiques, le soutien populaire et l'efficacité des institutions européennes seront essentiels au succès de cette transformation historique.
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